L’Entrecôte est à juste titre une institution voire une légende à Bordeaux. On y sert un plat unique (un faux filet) avec des frites et une sauce à la recette secrète qui fait la réputation de l’établissement et cause de longues files d’attente tous les jours, à tous les services.
Quand j’ai élaboré la liste des restaurants où je dinerai lors de ce séjour à Bordeaux j’ai immédiatement mis l’Entrecôte en haut de ma liste. L’Entrecôte c’est un peu ma madeleine de Proust et j’avais l’habitude d’aller y manger quasiment tous les dimanches midis durant les presque dix années où j’ai vécu à Bordeaux. J’étais revenu à Bordeaux deux ou trois fois depuis mais n’avais jamais eu le courage de refaire la queue pour aller manger mais cette fois-ci je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas y aller manger. La nostalgie était trop forte.
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Le concept de l’Entrecôte (et un peu d’Histoire)
On ne peut pas faire plus simple : le restaurant ne propose qu‘un seul plat. Une salade au noix en entrée, suivie d’un faux filet finement tranché accompagné de frites et d’une sauce à la recette secrète que personne n’a réussi à copier ou égaler depuis plus de 60 ans.
La seule chose que vous pourrez choisir est la cuisson, les boissons et le dessert.
Mais vous avez sûrement remarqué que d’autres chaines similaires existent en France voire à l’étranger : Entrecôte, Relais de Venise, Relais de l’Entrecôte… et on lit tout et son contraire sur la paternité du concept original. Pour l’occasion je me suis penché sur l’histoire de cet établissement, une affaire de famille en fait. J’ai donc essayé de rassembler les pièces du puzzle en espérant ne pas avoir raté un épisode.
C’est en 1959 que Paul Gineste de Saur lance le concept dans un restaurant du Boulevard Pereire à Paris (17e) à côté de la Porte Maillot, nommé le Relais de Venise. Il acquiert originellement ce restaurant pour y promouvoir le vin que sa famille produit dans la région de Toulouse, à Gaillac. Il ajoutera « son entrecôte » au nom du restaurant et proposera donc son concept : un menu très simple, unique, composé d’une salade et d’une pièce de viande en deux services accompagné de frites. Mais ce qui fera le succès du restaurant c’est sa sauce, souvent copiée, jamais égalée.
En 1962 son fils Henri décide d’exporter le concept en province, puis à l’étranger. C’est ainsi naitra « L’Entrecôte« , tout d’abord à Toulouse puis Bordeaux, Nantes, Montpellier, Lyon et Barcelone. Je crois même me souvenir qu’il y en avait un à Lima dans les années 2000…
En 1966 une fille de Paul Gineste de Saur, Helène, qui a pris sa succession décide d’exporter le concept à l’étranger, toujours sous le nom de « Le Relais de Venise« . Vous en trouverez aujourd’hui à Londres, New-York et Mexico. Ce sont les vrais héritiers du concept original.
Et le Relais de l’Entrecôte ? Encore une histoire de famille puisque c’est une autre des fille du fondateur, Marie Paul, qui a lancé ce restaurant aujourd’hui implanté à Paris (Marbeuf, St Germain des Près, Montparnasse), Zurich et Genève.
Pourquoi trois établissements ? Il paraitrait que si le fils, Henri, est parti voler de ses propres ailes avec l’assentiment de son père, le reste n’est qu’une question d’embrouilles entre deux soeurs qui voulaient chacune leur part du gateau. Par contre il semblent que tous utilisent la recette originale de la sauce léguée par le père.
Alors voilà pour tous ceux qui ont essayé une entrecôte et pensent connaitre l’original : le seul et vrai restaurant est celui de la porte Maillot, les Relais de Venise ses héritiers légitimes, L’Entrecôte un héritier légitime qui vit sa vie et le Relais de l’Entrecôte un héritier dissident. Mais pour le client les différences sont minimes voire inexistantes à l’enseigne près.
Tout ce qui n’appartient pas à une de ces chaines n’est qu’une copie sans lien avec le concept original.
Le cadre
Si à l’Entrecôte le contenu de l’assiette ne varie pas, il en va de même pour la décoration (et même la tenue du personnel) qui n’a pas changé depuis la création.
Motifs écossais sur les murs, napes jaunes, chaises et banquettes…un bon vieux décor de bistro ou de brasserie.
A Bordeaux le restaurant occupe trois étages.
La carte
L’entrée et le plat étant imposés vous n’aurez le choix que des boissons et du dessert.
Le dîner
L’Entrecôte ne prend pas de réservation, ce qui crée une file d’attente aussi légendaire que sa sauce…et comme le monde attire le monde…
N’ayant pas envie de trop attendre, le restaurant ouvrant à 19h00 j’arrive à 18h20 me disant que j’aurai peut être le temps de prendre un apéritif dans le quartier. Il y a déjà 20 personnes dans la file...je me décide donc à les rejoindre.
Une minute plus tard il y a déjà 5 personnes derrière moi. 10 minutes plus tard la file se prolonge jusqu’à l’angle de la rue.
Le restaurant ouvre enfin, je monte les escaliers jusqu’au 1er étage d’où nous sommes répartis dans les différentes salles. Tiens je récupère une des tables auxquelles je mangeais souvent à l’époque.
Le serveur vient immédiatement me voir. Tiens il y a des hommes maintenant ? Je n’en avais jamais vu jusqu’à présent.
« Quelle cuisson pour votre viande ? »
« Que désirez vous boire ».
Deux phrases, ma commande est prise. Simple et efficace.
En regardant autour de moi je reconnais une cheffe de salle qui s’est occupée de moi pendant près de 10 ans et me saluait toujours avec un grand sourire. Bien évidemment pour une fois elle ne me reconnait pas… bon on a quasiment pris 20 ans depuis.
En 10 minutes les 3 étages sont pleins, les prochains clients dans la queue rentreront au fur et à mesure que les clients installés partiront.
On m’apporte quasi immédiatement ma salade aux noix.
Simple et frais mais bizarrement je l’ai toujours trouvée plutôt bonne.
Puis ma viande arrive dans un plat qui permettra de la garder au chaud.
Un tiers sera servi dans mon assiette avec des frites et de la sauce et le reste restera au chaud et je me resservirai à mon rythme. Je suis pressé de commencer.
Je me hâterai d’arroser viande et frites avec encore plus de sauce…
La viande est de qualité, tranchée finement et cuite exactement comme je l’avais demandée. Le frites sont fines et parfaitement cuites. Et le tout agrémenté de sauce est juste…un régal.
Vous avez dit madeleine de Proust ?
On me resservira plusieurs fois des frites.
Je saucerai méticuleusement tout le plat…une insulte à la diététique mais c’est trop bon.
En dessert je prendrai des profiteroles au chocolat, comme d’habitude.
Très bon.
Je signale en passant que les Restaurants l’Entrecôte ont le label Maitre Restaurateur donc que tous les plats sont faits maison dans les conditions prévues par un décret gouvernemental. Il faudra d’ailleurs qu’on vous parle plus amplement du label « Fait Maison » en France et de ce qu’il implique car nous y sommes très sensibles chez TravelGuys.
Je terminerai ce repas avec un café. L’addition me sera apportée directement avec.
Il est 19h50. A 19h52 la table sera dressée et prête à accueillir de nouveaux clients.
Lorsque je sortirai la queue n’aura pas désempli.
L’ambiance
Rien à dire sur ce point, pas d’ambiance particulière mais la salle n’est pas vraiment bruyante par rapport au nombre de personnes présentes.
Le personnel
Souriant, aimable et rapide. Très rapide. Il ne faut pas en attendre quelque chose mais au moins ils font très bien ce qu’ils ont à faire dans un concept qui ne favorise pas tellement les interactions avec le client.
Conclusion
L’Entrecôte est un concept en soi. On sait pourquoi on y va, on sait pourquoi on aime, on sait ce que cela implique et sinon on n’y va pas.
En plus, pour moi, y retourner fait ressurgir des tonnes de souvenir d’une certaine époque.
A une personne qui me disait « mais ça n’est pas de la gastronomie » j’ai juste répondu « c’est pire c’est de la gourmandise ».
J’espère ne pas attendre à nouveau 16 ans pour y retourner mais au moins l’attente a fait que c’était encore meilleurs.
Sinon, juste en face, il y a Le Pressoir D’Argent Gordon Ramsey avec deux étoiles en plus.
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L'Entrecôte Bordeaux
Cadre et ambiance
Intérêt de la carte
Présentation des plats
Qualité des plats
Quantité
Service
Rapport Expérience / Prix
Excellent
On aime ou pas le concept mais si on aime on en tombe amoureux.