En hiver la formation de givre peut avoir des effets négatifs sur le fonctionnement d’un avion et est un facteur de risque qui est pris très au sérieux.
Et puisque nous sommes au début de l’hiver, faisons le point sur le sujet afin d’être totalement rassurés et comprendre ce qui se passe si l’avion dans lequel vous venez d’embarquer subit une procédure de dégivrage avant le vol.
Comment se forme le givre sur un avion ?
Très simplement le givre se forme lorsque de l’eau rencontre une surface à des températures négatives.
Au sol c’est un phénomène que nous connaissons bien et que tout le monde comprend facilement, mais de la glace peut également se former en vol. En effet les nuages comportes des gouttes d’eau en suspension et le sommet des cumulonimbus est formé de cristaux de glace.
Toutefois la glace se forme principalement entre 0 et -15° alors que la température à l’altitude de croisière avoisine le plus souvent les -50°. On a déjà vu de la glace se former à -40° mais c’est très rare.
Les phases les plus critiques sont donc principalement pendant la montée et la descente ou lors de vols à basse altitude.
Quels sont les risques de la formation de givre sur un avion ?
Le premier risque du givrage, facilement compréhensible pour un néophyte, c’est celui de la perte de visibilité mais c’est tellement évident que nous ne nous attarderons pas sur le sujet.
Le principal risque du givre est d’ordre aérodynamique, et ce même en cas de givrage léger.
Pour dire les choses simplement, la glace réduit la portance et augmente la vitesse décrochage, diminue la vitesse horizontale ainsi que le taux de montée.
Plus rarement, de la glace se détachant des entrées d’air et étant ingérée par les moteurs peut provoquer leur extinction.
Le dégivrage au sol
Deux procédures peuvent être appliquées au sol : le dégivrage et l’antigivrage.
Le dégivrage
Il s’agit d’enlever la neige et la glace qui recouvrent l’avion par la projection d’un jet de liquide chauffé. On utilise pour cela un mélange de glycol et d’eau chaude (environ 80°).
Le mécanisme est le suivant : la pression du jet permet de percer la couche de neige ou de glace pour atteindre le fuselage (effet mécanique) et la chaleur les fait fondre (effet thermique).
L’action chimique du glycol a également un effet résiduel qui empêche la formation de givre pendant une durée assez courte après l’opération ce qui permet d’attendre le temps d’appliquer un fluide d’anti-givrage.
L’antigivrage
On utilise un liquide à la composition assez similaire à celui de dégivrage sauf qu’il n’est pas chauffé et qu’il est appliqué plutôt sous forme de douche que de jet.
Une couche de quelques millimètres d’un liquide visqueux est ainsi appliqué sur toutes les surfaces à protéger. Sa durée d’efficacité est limitée mais plus longue que celle du liquide de dégivrage.
Il existe différents types de fluides, principalement en fonction des agents épaississants utilisés, en fonction de la durée de protection désirée ou du type et de la vitesse de l’avion.
Le dégivrage en vol
Nous avons vu que du givre peut se former en vol donc les avions sont équipés de dispositifs afin de prévenir la formation de givre en vol.
Plusieurs dispositifs sont utilisés.
• Gonflage pneumatiques de boudins sur les bords d’attaques des surfaces portantes pour casser la glace.
• Diffusion de liquide de dégivrage sur certaine parties de l’appareil.
• Réchauffage par de l‘air chaud prélevé au niveau des réacteurs.
• Réchauffage électrique par des résistances.
Les accidents d’avion liés au givre sont ils fréquents ?
Le givrage est un phénomène fréquent et selon une étude du NTSB, 173 accidents liés au givre ont été recensés entre 1982 et 2000.
Certains d’entre eux ont été fatals. Peu mais davantage qu’en cas de turbulences ou de décrochage.
L’un d’entre eux est l’American Eagle 4184 mais on peut également mentionner les TransAsia 791 (des ATR dans les deux cas), Continental Airlines 1713, Air Ontario 1363, USAir 405, Comair 3272 et Sol Líneas Aéreas 5428.
Si cela peut sembler beaucoup par rapport à d’autres causes il faut noter qu’à l’exception du Sol Lineas Aereas ce sont des accidents qui se sont produits il y a longtemps quand les avions étaient moins bien équipés pour faire face au givre.
Et comme souvent le givre n’est qu’un élément ayant causé l’accident : s’y ajoutent souvent des erreurs humaines car c’est un problème qui est identifiable et auquel les pilotes doivent savoir faire face s’ils le détectent et sont formés correctement.
Conclusion
Le givre est un sujet très sérieux dans le transport aérien et ses conséquences peuvent être fatales. Heureusement les appareils modernes sont équipés pour y faire face et des procédures strictes sont suivies au sol pour s’assurer que les appareils sont convenablement dégivrés et protégés contre le givre avant de décoller.
Photo : dégivrage d’un avion de Jaromir Chalabala via Shutterstock