Air France va prochainement proposer un service de Wifi gratuit à bord reposant sur le réseau Starlink, la plus grande constellation de satellites au monde utilisant une orbite terrestre basse.
Du Wifi gratuit pour les membres Flying Blue
Cette annonce a été faite la semaine dernière, vous l’avez certainement déjà vu passer et il n’y a pas grand chose à ajouter sur le sujet. On ne peut toutefois que se réjouir de voir Air France proposer gratuitement un Wifi de qualité à l’ensemble de ses passagers pour un nombre illimité d’appareils. Reste à voir si pour les passagers moyen courrier, cela compensera la dégradation annoncée du service à bord. Et finalement pourquoi pas ?
Mais il y a plus intéressant dans cette annonce : le wifi sera gratuit à condition de se connecter avec son compte Flying Blue. Si vous n’avez pas de compte Flying Blue il ne sera pas possible d’utiliser le wifi vu qu’il ne semble pas qu’une offre payante co-existe avec l’offre gratuite pour les non membres.
Derrière cette offre il n’y a ni plus ni moins qu’une stratégie marketing visant à booster le nombre de membres du programme de fidélité Flying Blue et cela s’inscrit dans une véritable logique business.
Les programmes de fidélité sont une manne financière
Si, intuitivement, vous pouvez penser qu’un programme de fidélité est une charge financière pour une compagnie aérienne il n’en est rien. Au contraire les compagnies aériennes peuvent gagner des sommes astronomiques avec leur programme de fidélité, plus parfois qu’en faisant voler des avions, à tel point que la valeur de la compagnie aérienne puisse être inférieure à celle de son programme de fidélité.
Pendant longtemps la monétisation du programme de fidélité ne semblait pas une priorité pour Air France qui était une des rares compagnies, d’ailleurs, à ne pas avoir fait de son programme une filiale indépendante. Mais Flying Blue a enfin été filialisé en 2023, montrant que la compagnie avait finalement décidé de faire de son programme une machine à générer du revenu.
Mais pour cela encore faut il une masse critique de membres ce qui n’est pas le cas ici. Selon les derniers chiffres à notre disposition Flying Blue compte 19 millions de membres contre 115 millions pour AAdvantage (American Airlines), plus de 110 pour Skymiles (Delta)… Plus près de nous Miles&More (Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines etc.) compte 30 millions de membres !
Il était donc urgent pour Flying Blue de booster son nombre de membres, trop faible par rapport à des compagnies de taille similaire avant de penser à maximiser le revenu par membre. Et pour cela quoi de plus simple que de rendre obligatoire la détention d’un compte Flying Blue pour se connecter à internet ?
Membre ne signifie pas revenu
C’est vraiment de bonne guerre et ça n’est pas une stratégie vraiment nouvelle. C’est par exemple le cas de Delta Airlines et j’ai effectivement un compte Skymiles qui ne me sert à rien d’autre qu’à me connecter au Wifi.
Il ne serait donc pas surprenant d’apprendre d’ici un ou deux que le nombre de membres Flying Blue a subitement décollé d’un seul coup. Mais cela va-t-il pour autant se transformer en revenu ? Là j’ai plus de doutes.
Pour cela il faudrait que les membres utilisent effectivement leur compte pour gagner et dépenser des miles, notamment avec des partenaires qui achèteraient les miles à Flying Blue, ou, mieux encore, souscriraient à une carte de crédit co-brandée pour peu qu’il en existe une dans le pays de résidence ce qui me semble bien improbable.
Un membre d’un autre programme de fidélité Skyteam aura toujours intérêt à se focaliser sur son propre programme et un membre d’une alliance concurrente utilisera son compte les rares fois où il vole sur Skyteam mais cela restera marginal en termes de business vu qu’il favorisera quand c’est possible son programme principal.
Conclusion
Dans la logique de dynamiser le business de son programme de fidélité Flying Blue, Air France a trouvé un moyen pas original mais efficace pour augmenter le nombre d’adhérents. Mais ça n’est que le premier étage de la fusée, il s’agira ensuite d’améliorer le revenu par adhérent ce qui sera une autre paire de manche mais chaque chose en son temps.