Aller au secours d’une compagnie aérienne ça rapporte !

Les aides des états aux compagnies aériennes pendant le COVID ont fait couler beaucoup d’encre mais les gouvernements s’y sont retrouvés avec au final de substantiels bénéfices.

4 millards de prêt garanti pour Air France (plus 3 de prêt d’actionnaire du gouvernement), 9 milliards pour Lufthansa (plus l’Etat qui rentre dans capital à hauteur de 20%), que n’a-t-on pas entendu à propos de ces flots d’argent public qui allait se déverser sur le secteur.

Il faut toutefois repréciser ce que certaines personnes n’ont pas pu ou voulu comprendre à ce moment : on ne parlait pas que d’argent public. C’était principalement de l’argent privé garanti par de l’argent public. En résumé des banques prêtaient et si les compagnies ne pouvaient pas rembourser alors, et alors seulement, l’état paierait à leur place. Ce qui n’est pas arrivé même si comme nous l’écrivions dans l’article mentionné plus haut nous avions des doutes quant à la capacité d’Air France à supporter des taux d’intérêts aussi élevés. Mais la question a été résolue en convertissant une partie du prêt en obligations.

Pour le reste il y a bien eu de l’argent public sous forme de prêt d’actionnaire de la part de l’Etat Français à Air France et d’une entrée au capital de Lufthansa pour l’Etat Allemand au travers d’un fonds d’état.

Des bénéfices indirects pour les gouvernements

Avant de revenir sur le volet financier de ces sauvetages on peut déjà avancer qu’ils ont procuré aux états concernés des bénéfices indirects. Vous imaginez Lufthansa et Air France déposer le bilan ?

Entre les salariés concernés et ceux de leurs sous-traitants et plus largement de leur écosystème la casse sociale aurait été considérable avec tous les coûts associés.

Ensuite, une fois la crise terminée cela aurait largement pénalisé la reprise du secteur du tourisme et même ralenti la reprise économique globale.

Voila pour ce que ces prêts ont évité de dépenser.

Et au niveau des recettes la disparition de des compagnies aurait été un gros manque à gagner avec les taxes diverses acquittées par les compagnies aériennes.

Air France : un remboursement anticipé qui rapporte à l’état français

Tout a été fait pour obliger les compagnies à rembourser au plus vite : interdiction de prendre une participation dans une autre compagnie (on a vu le résultat dans le rachat d’ITA), des taux d’intérêts prohibitifs….

Entre les pénalités pour remboursement anticipé et les intérêts à 7% Air France aurait donc rapporté 650 millions d’euros à l’Etat français.

Mais la bonne affaire ne s’arrêtera peut être pas là. Avec la reprise et les résultats records qui suivent trimestre après trimestre la valeur de l’action Air France-KLM qui a touché des profondeurs abyssales finira bien par remonter.

Cours action Air France-KLM sur 5 ans

Sachant que l’Etat était déjà actionnaire de la compagnie et que les obligations souscrites pour diminuer le poids du remboursement ont ensuite été converties en capital, c’est un joli bénéfice que pourrait faire l’Etat s’il décidait de revendre tout ou partie de ses actions quand leur cours aura atteint un cours normal.

Non seulement Air France-KLM est une compagnie excellemment bien gérée depuis l’arrivée de Ben Smith mais en plus les finances publiques en profitent.

Le jackpot de l’Etat allemand

Pour ce qui est de Lufthansa les choses sont plus simples. L’Etat est rentré au capital de la compagnie avec promesse d’en sortir dès que les prêts auraient été remboursés.

Il faut savoir qu’en Allemagne on n’est pas très friands de l’actionnariat publique dans les entreprises sauf lorsque c’est vital. Lufthansa était totalement privatisée depuis 1997 et a tout fait pour éviter l’ingérence de l’Etat dans ses affaires même en contrepartie des aides COVID. Quitte à penser à se mettre en faillite (une sorte de chapitre 11 allemand) si les contreparties demandées étaient trop importantes.

Finalement Lufthansa a tout fait pour n’utiliser qu’une petite partie des 9 milliards afin de les rembourser le plus vite possible, l’Etat a tenu sa promesse et a immédiatement revendu ses actions, empochant au passage un bénéfice de 700 millions d’euros.

Conclusion

Les sauvetages d’Air France et Lufthansa ont finalement été des directement et indirectement rentables pour les états français et allemands et donc, contrairement aux idées reçues, de bonnes opérations pour les finances publiques.

Image : A220 Air France de kamilpetran via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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