Comment se compose le prix d’un billet d’avion ? (et à quoi correspondent les taxes)

Dans le prix d’un billet d’avion il y a bien sur le prix du transport mais également des taxes, beaucoup de taxes. Vous vous en rendez compte au moment de passer à la caisse en voyant leur montant parfois disproportionné par rapport au prix du voyage ou en tout cas jamais négligeable il n’apparait pas toujours de manière claire la manière dont elles se décomposent.

Voici pour y voir un peu plus clair.

Quelles sont les taxes sur un billet d’avion en France ?

Les taxes qui s’appliquent sur un billet d’avion sont très diverses et sont dotées d’appellation qui les rendent parfois incompréhensibles même lorsque la compagnie les détaille.

1°) Taxe de l’aviation civile (Taxe FR)

Elle sert à financer le fonctionnement de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) et les coûts de l’exploitation et du contrôle aérien non couverts par d’autres redevances.

Ca c’est pour la théorie. Dans la pratique elle a augmenté logiquement au fil des années et aujourd’hui seule une petite partie (15%) finance la DGAC, le reste tombe dans le budget de l’Etat qui ni vu ni connu récupère quelques centaines de millions d’euros qui ne servent pas à financer l’aérien. Cette taxe rapporte environ 450 millions d’euros chaque année dont seuls 67 vont à la sa destination première.

2°) Taxe d’aéroport (Taxe XT)

Elle est perçue au profit des exploitants aéroportuaires pour financer les services de sécurité, d’incendie et de sauvetage, la sûreté, les mesures effectuées dans le cadre des contrôles environnementaux et la lutte contre les oiseaux aux abords des aéroports. Elle contribue également au financement des matériels de contrôle biométrique.

Elle est perçue par l’aéroport mais ne concerne pas la redevance que la compagnie paie pour l’utilisation des infrastructures.

3°) Redevances aéroportuaires (Taxes QW et QX)

Ce sont les redevances payées pour l’utilisation des infrastructures des aéroports. Elles sont bien sur perçues au profit de l’opérateur de la plateforme et son fixées aéroport par aéroport. La taxe QW s’applique aux vols domestiques et la QX aux vols internationaux.

4°) Surcharge carburant (Taxe YQ/YR)

Perçue par les compagnies pour compenser une fluctuation des prix du pétrole.

5°) Taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires

Elle finance des aides aux riverains des aéroports concernés et à inciter les compagnies à moderniser leur flotte.

Elle rapport un peu moins de 50 millions d’Euros chaque année.

6°) Taxe de solidarité (Taxe IZ)

Egalement appelée taxe Chirac du nom du génie qui trouvait que les compagnies aériennes françaises étaient beaucoup trop compétitives et qu’il fallait leur attacher un boulet au pieds afin de restaurer une saine concurrence en Europe.

Plus sérieusement elle a été créée pour financer le programme UNITAID qui vise à contribuer au financement de la santé dans les pays en voie de développement. Elle rapporte dans les 200 millions d’Euros par an. La France faisant partie des très rares pays à l’avoir adopté, elle finance près de 70% du programme à elle seule.

Mais financer la santé dans les pays en voie de développement cela va deux minutes…. Le gouvernement a ainsi décidé de limiter la participation de la France au financement de UNITAID a 210 millions d’Euros. Tout euro perçu au delà de ce montant ne retourne pas aux compagnies mais tombe dans le budget de l’Etat.

C’est cette même taxe de solidarité qui inclura l’écotaxe récemment votée. La raison d’être de la taxe sera ainsi totalement dévoyée dans l’indifférence générale.

7°) La TVA

Ah bien on n’y pense pas mais bien naturellement l’achat d’un billet d’avion supporte une TVA à 10%. Rappelons que la TVA pour le transport de personnes n’est pas déductible pour les entreprises (et pour une fois même la SNCF est logée à la même enseigne). Cela ne concerne que les vols nationaux, les vols internationaux étant exemptés de TVA (tout comme les billets de trains internationaux)

La TVA s’applique bien sûr aux taxes précédemment citées.

Quel est le poids des taxes sur le prix du billet d’avion ?

Bien sûr le poids relatif des taxes décroit en fonction du prix du billet. Et tous dépend aussi des redevances aéroportuaire, certains aéroports étant largement plus chers que d’autres (si RyanAir opère à Beauvais et pas à Roissy ça n’est pas en raison du charme de sa cathédrale).

On ne détaille pas les taxes car elles sont….remboursables !

Si j’essaie de faire un peu fonctionner ma mémoire je me souviens qu' »avant » j’avais l’habitude de voir ces taxes détaillées lorsque j’achetais un billet, ce qui n’est presque plus le cas maintenant.

J’ai eu la surprise de les voir mentionnées lors d’une récente réservation sur l’application Lufthansa. Voici donc comment elles se décomposent pour un billet en business class Paris-Francfort-Stockholm puis Goteborg-Francfort-Paris.

Un total de 291,49€ en taxes diverses pour un billet à 509€.

Mais pourquoi ne sont elles pas toujours mentionnées de manière aussi transparente ? Peut être parce qu’après tout le passager s’en moque un peu, il n’a pas d’autre choix que de les payer.

Mais aussi un peu parce qu’en omettant de les détailler on ne donne pas tous les éléments au passager qui parfois est en droit d’en demander le remboursement ! Beaucoup de gens l’ignorent mais lorsqu’on rate son vol, peu importe la raison, on peut demander à la compagnie le remboursement des taxes aéroportuaires QW et QX (ou le cas échéant à l’agence de voyage qui a vendu le billet, charge à elle de récupérer le montant auprès de la compagnie).

Si les assurances voyages ne remboursent jamais les taxes aéroportuaires c’est justement parce que la compagnie est tenue de le faire.

Il arrive aussi plus rarement qu’on puisse se faire rembourser les  FR, XT, YQ et IZ si le contrat de transport de la compagnie le précise.

Les billets d’avion sont ils trop taxés ?

Et bien c’est difficile à dire. Effectivement on peut trouver le poids des taxes trop important mais à la fin cela permet à tout un secteur de s’autofinancer contrairement par exemple au train qui coûte au contribuable « un pognon dingue » chaque année.

Le secteur s’autofinance tellement bien que le gouvernement va même jusqu’à détourner de leur vocation première certaines taxes pesant sur l’aérien pour en récupérer le fruit dans son propre budget.

Quant à savoir si la France taxe trop on verra que contrairement aux idées reçues ça n’est pas forcément le cas quand on compare avec les pays étrangers.

NB : les informations sont à jour à date de publication de l’article, la créativité fiscale de nos élus étant sans limite des choses peuvent avoir changé quand vous lirez cet article.

Photo : prix du billet d’avion de Tatsuo Nakamura via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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