Le salon du Bourget, de retour cette année après 4 années d’absence en raison du COVID a montré l’excellente santé du secteur ainsi que l’émergence de nouvelles puissances.

Nous sommes en 2020. Le COVID a cloué l’aviation mondiale au sol. On nous dit que transport aérien ne se relèvera pas avant longtemps et ne retrouvera de toute manière ses niveaux d’avant car « on ne voyagera plus jamais comme avant ». On nous présente un secteur sinistré voué à une lente agonie.

2023. Cela fait plus d’un an que la demande est telle que les compagnies ne peuvent plus suivre, faisant durablement grimper les prix à un niveau jamais atteint auparavant. Les niveaux de 2019 ont été atteints voire dépassés à certains endroits. Les aéroports sont pleins et qu’on qu’on en dise, l’envie de voyager n’a jamais été aussi forte, même et surtout chez les jeunes.

Et si les prix sont hauts c’est pour une raison : les compagnies n’ont pas assez d’avions. Non seulement parce que la demande est forte mais également parce qu’elles ont mis certains appareils à la retraite pendant la pandémie en n’attendant pas une reprise aussi rapide et que les appareils qu’elles attendaient en remplacement mettent du temps à arriver. En effet les principaux avionneurs, qui avaient déjà un backlog conséquent avant le COVID ont perdu des mois (si ça n’est pas plus) de production pendant la pandémie et souffrent pour augmenter leur cadence de production (sans même mentionner les déboires de Boeing avec les 777X, 737Max et même 787…).

C’est dans ce contexte que c’est tenu le Salon du Bourget 2023, premier depuis la sortie de crise et qui était scruté scrupuleusement car il allait confirmer ou infirmer le fait que le secteur est en bonne santé.

Voici notre rapide analyse et vous trouverez en bas de page la liste des commandes passées durant le salon.

Un marché en pleine forme

Ca n’est pas une surprise mais cela va toujours mieux une fois que les contrats sont signés et confirmés ! Le marché se porte très bien et la demande est très forte !

Mais ça n’est pas surprenant : entre la demande qui atteint des niveaux historiques et un marché de renouvellement qui existe en faveur d’appareils plus efficaces d’un point de vue environnemental et de gros porteurs pour compenser la mise à la retraite des flottes de quadrimoteurs, les voyants sont au beau fixe pour plusieurs années.

D’ailleurs selon Dave Calhoun, le PDG de Boeing, la demande d’avions continuera à dépasser l’offre pendant encore 5 à 6 ans. Quand on sait de même avant le salon Airbus comme Boeing avaient un backlog de plus de 10 ans de commandes il ne faudra pas être pressé d’être livré.

Airbus domine Boeing mais ça ne veut rien dire

821 commandes pour Airbus, 316 pour Boeing ! L’avionneur européen remporte haut la main le match des géants de l’aérien.

Mais cela ne veut pas dire grand chose. Historiquement le constructeur Européen a toujours profité du Bourget pour faire ses annonces alors que la symbolique est moins importante pour Boeing. D’ailleurs avant le salon c’est Boeing qui était devant en termes de commandes.

Ceci dit il est grand temps que Boeing tourne la page des déconvenues rencontrées avec les 737 et 787 et le retard du programme 777X pour durablement s’inscrire dans une dynamique positive.

L’Inde en force en attendant la Turquie

Ce salon a également été l’occasion de voir émerger le marché indien. 500 appareils pour Indigo (la plus grande commande de l’histoire concernant un seul modèle d’appareil), 540 pour Air India (confirmation d’une commande déjà annoncée), 4 pour Akasa Air, les compagnies indiennes ont assuré le show au Bourget !

Le marché indien est en effet très prometteur : avec une forte population en croissance mais dont seulement 5% a déjà pris l’avion il y a un énorme potentiel de croissance. D’ailleurs le gouvernement indien s’attend à ce que les compagnies locales ajoutent 2 000 appareils à leurs flottes d’ici 5 à 7 ans.

Autre acteur dont on n’a pas parlé au Bourget mais qui devrait faire parler de lui très vite : Turkish Airlines. Il est en effet acquis que la compagnie Turque annonce prochainement une méga commande de 600 appareils également répartie entre Airbus et Boeing.

Si vous voulez savoir où les choses vont se passer dans les 10 prochaines années vous savez où regarder.

La décarbonation a le vent en poupe

Un autre fait majeur de ce salon est la montée en puissance de l’aviation durable avec de belles commandes pour Zero Avia (250 appareils électriques à hydrogène pour Air Cahana) et le français Aura Aero (électrique).

Widerøe a de son coté commandé 50 eVTOLS (aviation électrique urbaine).

A l’avenir il sera intéressant de voir à quel point l’aviation électrique ou à hydrogène deviendra un pole majeur de ce salon voire volera la vedette à l’aviation traditionnelle mais il est évident qu’il s’agit d’un marché d’avenir en plein développement.

Un enjeu industriel de production

Accumuler les commandes c’est bien, livrer n’est pas mal non plus. Le principal enjeu désormais pour Airbus, Boeing et leurs sous traitants est d’accélérer le rythme des livraisons car il est bien évident que pour une compagnie passer commande d’un avion plus efficace pour être livré dans 12 ans n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Aujourd’hui si les deux géants sont sans concurrence sur le marché des longs courriers il existe des alternatives pour les appareils moyen courrier et régionaux et si on n’imagine pas un Embraer, par exemple, leur livrer une concurrence trop féroce on ne dira pas la même chose du chinois Comac.

Conclusion

Pour ceux qui en douteraient encore le secteur de l’aviation commerciale a retrouvé un dynamique rassurant qui fait plaisir à voir. Par contre les marchés de croissance ont changé et aujourd’hui c’est vers l’Inde et la Turquie qu’il faudra regarder pour les grosses commandes.

A côté de ça l’aviation durable fait peu à peu son chemin et il y a fort à parier qu’elle tienne un rôle majeur lors des prochaines éditions du salon, dans 2 ou 4 ans.

Et vous qu’en pensez vous ? Avez vous été surpris par le volume de commande ? Par les compagnies qui ont été les plus actives ? Et pensez vous vraiment que demain l’électrique puisse devenir un créneau majeur ?

Dites le nous dans les commentaires.

Les commandes du salon du Bourget 2023

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