La compagnie Scandinave, au bord de la faillite, risque d’être rachetée par des investisseurs étrangers. Si sa survie ne semble pas compromise, la pilule risque d’être amère pour ses clients fidèles en fonction de l’identité des investisseurs en question.
SAS, une compagnie historiquement fragile
Cela fait longtemps que la santé de SAS est fragile et ses principaux actionnaires qui sont les gouvernements de la Suède et du Danemark ont souvent dû venir à son aide.
Le COVID n’a pas arrangé la situation et la reprise est très difficile pour une compagnie plombée par des coûts salariaux importants et des accords syndicaux avec ses pilotes qu’elle traine comme un boulet au pied.
Ajoutons que c’est une compagnie qui ne dispose pas d’une énorme flotte, qui a un réseau long courrier limité et que son moyen courrier subit de plein fouet la concurrence des low cost (sans que le long courrier ne puisse compenser) et vous comprendre qu’elle est moins bien armée que d’autres pour sortir de la crise. Encore heureux pour elle que, géographie et climat obligent, les Scandinaves prennent beaucoup plus l’avion que le reste des européens.
SAS au bord de la faillite
Devant la criticité de la situation la direction de la compagnie a lancé un plan nommé SAS Forward qui vise à rencentrer sa flotte sur le long-courrier et économiser plus de 700 millions d’euros par an.
En dépit de cela SAS continue à perdre de l’argent (144 millions d’euros de février à avril 2022…).
La compagnie courant droit à la faillite il était urgent de passer à quelque chose de plus radical.
Restructuration financière en vue
SAS a donc indiqué lancer un plan de restructuration financière en convertissant de la dette en actions et levant 1 milliard d’euros sur les marchés sous forme d’une augmentation de capital.. Une opération dans laquelle elle est soutenue par l’état suédois qui pour autant se refuse à lui apporter de l’argent frais. Il faudra donc trouver d’autres investisseurs.
Voici la liste des actionnaires actuels de SAS.
Des investisseurs se sont manifestés et les choses que l’on sait d’eux est qu’ils sont « non scandinaves » et subordonnent leur investissement à une réduction drastique des coûts.
Nous ne pensons pas aujourd’hui que la compagnie soit en danger de mort. Elle a un marché, des actionnaires solides qui ne l’abandonneront pas même s’ils recherchent des partenaires nouveaux et elle est un instrument de souveraineté pour les deux pays concernés. Elle peut même être une bonne affaire pour qui la rachètera à condition de faire un peu de ménage en interne. On est donc loin du pitoyable feuilleton d’Alitalia.
Mais en fonction de l’identité des investisseurs, le réveil peut être difficile pour les clients fidèles de la compagnie. Et cela ne vaut pas que pour SAS mais pour toute compagnie amener à changer de mains ou disparaitre : comme on l’a expliqué là aussi pour Alitalia, c’est toujours le client fidèle qui trinque.
Quels investisseurs pour SAS ?
On passera sur l’éventuel repositionnement que ces investisseurs imposeraient à la compagnie en termes de gamme, réseau, ou service, qui concerneraient tout le monde pour se concentrer sur les passagers fidélisés de la compagnie.
S’il s’agit d’un fond d’investissement rien ne changera. Et tant mieux pour les clients.
S’il s’agit d’une autre compagnie, alors, le réveil peut être douloureux.
En effet si le programme de fidélité SAS Eurobonus n’est ni le meilleur ni le plus généreux, il a un avantage pour ses membres : des seuils de qualification très faciles à atteindre (et nous en savons quelque chose chez TravelGuys…)
Qui dit rachat dit logiquement changement de programme pour adopter celui de l’acquéreur et dans ce cas il est à prévoir que de nombreux clients SAS perdent rapidement leur statut ce qui peut être un vrai soucis car rien ne les empêchera plus d’aller à la concurrence, notamment chez Lufthansa Group qui avec Lufthansa et Swiss dessert très bien la Scandinavie avec plusieurs rotations par jour sur Stockholm, Copenhague ou encore Goteborg.
Par exemple imaginez une prise de contrôle par Lufthansa et l’adoption de Miles&More comme programme de fidélité ! Sachant qu’il est quasiment deux fois plus dur d’atteindre un statut Senator Miles&More que Gold Eurobonus alors que les deux sont équivalents en termes de reconnaissance au sein de l’alliance (Star Alliance Gold) on vous laisse imaginer les dégats. Seuls les membres Eurobonus Diamond, le haut du panier, arriveraient à à avoir un statut qui en vaut la peine.
On prend Miles&More car c’est un programme avec lequel l’écart serait le plus flagrant et, en plus, parce que Lufthansa serait le prétendant le plus logique et légitime si c’était une compagnie aérienne qui s’intéressait à SAS. Mais il ne nous semble pas que ce soit la direction dans laquelle SAS s’oriente (on pense plutôt à un fond d’investissement) et en plus Lufthansa Group est déjà sur le dossier ITA, mais cela vous donne une idée de ce que cela impliquerait pour les clients.
Conclusion
Un groupe d’investisseurs non scandinaves dont on ignore l’identité se propose de sauver SAS de la faillite. S’il s’agit de fonds d’investissement les choses peuvent bien se passer pour les clients, si c’est une autre compagnie les clients fréquents risquent de subir une vraie dégradation de leur statut
Crédit Photo : Avion SAS Scandinavian Airlines de Robert Buchel via Shutterstock