On commence à en savoir un peu plus sur ce à quoi ressemblera la « nouvelle Alitalia » même si de nombreuses zones d’ombre demeurent.
Rappelons qu’avant la pandémie nous suivions avec intérêt ce qu’on appelait le « feuilleton Alitalia » : rachetée puis abandonnée par Etihad, sauvé par l’Etat, reprise par Delta, Ryanair, Lufthansa puis par…personne et enfin renationalisée en attente de mieux.
Alitalia « sauvée » par la crise
Finalement la compagnie italienne a été une des bénéficiaires de la crise : alors que l’Union Européenne commençait à voir d’un mauvais oeil les multiples manœuvres de l’Etat pour garder la compagnie en vie, le contexte exceptionnel qui a résulté de la pandémie a permis de « légaliser » de nombreuses aides d’Etat, permettant à Alitalia de passer entre les gouttes et de s’acheter un temps qu’elle n’aurait pas eu sinon.
A l’automne dernier on nous annonçait une flotte de 90 appareils, 6500 employés et un nouveau nom, « ITA ». Depuis de l’eau est passée sous les ponts, le gouvernement a changé, l’Europe s’est de nouveau occupée du dossier et…tout a été à refaire.
L’Europe presse, l’Italie tremble
Pour accepter que la compagnie reparte en considérant les aides de l’Etat légales, l’Europe impose une vraie rupture avec l’ancienne Alitalia, qui passe par un changement de nom. Alors qu’on se demandait si « ITA » serait le nom de l’entreprise ou celui de la marque, il semblerait bien que nom Alitalia soit amené à totalement disparaitre pour qu’un autre le remplace. Et ITA semble tenir la corde.
Les actifs de la compagnie seront réduits à l’essentiels. On parle de 43 à 45 appareils, pas plus, et de 2500 à 4500 employés. Ce qui provoque bien sûr l’émoi des syndicats et du pays qui voit un symbole national dépecé et des milliers de salariés abandonnés. Mais la compagnie ne peut plus se permettre les errements dont elle était coutumière et va devoir repartir sur des bases financières saines. Le nouveau gouvernement n’a donc plus le choix.
Lequel gouvernement a recommencé à faire du pied à Lufthansa pour un potentiel rachat, convaincu qu’il s’agit du meilleur partenaire pour remettre la compagnie à flot. Pour l’instant les allemands ne changent pas de ligne directrice et ne veulent pas voir plus loin qu’un partenariat commercial. Coup de bluff pour s’assurer que l’Etat fasse le « sale boulot » avant de racheter une compagnie vraiment « nettoyée » ? Peut être.
Alitalia en questions
Le temps presse et le gouvernement va devoir décider et agir que pour la compagnie nationale italienne (qui ne n’est peut être plus pour longtemps) puisse repartir de manière saine dans des circonstances acceptables pour les autorités européennes.
Alitalia va-t-elle redécoller ? Oui.
Sous quel nom ? Il semble acquis qu’il lui faudra changer de nom. ITA semble bien tenir la corde.
Avec quelle flotte ? On s’achemine vers une flotte de moins de 50 appareil, une spécialisation sur le long courrier et l’abandon de son réseau intérieur aux low-costs.
Alitalia peut elle survivre sur le long courrier avec 45 appareils ? Ca sera compliqué mais moins que sur le moyen courrier ! Il lui faudra bien choisir ses destinations et ses partenaires !
Quels partenaires pour Alitalia ? Aujourd’hui membre de Skyteam et de la coentreprise transatlantique avec Air France-KLM et Delta il est évident qu’elle devra réévaluer ses partenariats et qu’une logique « adhoc » conviendra mieux à sa situation qu’une logique d’alliance. Et un partenariat avec Lufthansa ferait voler son système d’alliance actuel en éclat.
Lufthansa va-t-elle racheter Alitalia ? A court terme non mais à moyen terme… disons que l’option est improbable aujourd’hui tant que la situation de la compagnie n’est pas plus claire mais que si rachat il doit y avoir Lufthansa semble en effet être le meilleur candidat.
Image : B777 Alitalia de Thiago B Trevisan via Shutterstock