Alors que beaucoup de monde est en train de préparer ses vacances d’été il faut s’attendre à un été assez compliqué dans certains aéroports. Et si les choses s’améliorent par rapport à 2022 le passager paiera une partie de la facture.
2022 : cauchemar dans le transport aérien
Vous vous souvenez sans doute des images terrifiantes de l’été 2022 dans de nombreux aéroports, surtout en Europe. Des files d’attentes interminables jusqu’à l’extérieur du terminal, des montagnes de bagages retardés et égarés, des passagers à qui on déconseille d’enregistrer des bagages en soute…
Comment en est-on arrivé là ? La réponse tient en un mot : COVID. Ou plutôt sa fin.
Le transport aérien s’est retrouvé pris dans une tempête principalement causée par deux facteurs.
Le premier a été une reprise beaucoup plus rapide et intense que prévue avec une demande qui a excédé les prévisions les plus optimistes. Le second a été les conséquences des mesures prises par les professionnels du secteur pour contrôler leurs coûts durant la pandémie.
Il a en effet été d’autant plus difficile de suivre l’augmentation de la demande que le personnel n’était tout simplement plus là. En effet si certaines compagnies et certains aéroports on conservé leur personnel pendant la crise grâce aux aides gouvernementales, d’autres, parfois car leur gouvernement était moins généreux, parfois par simple volonté de tailler dans les coûts se sont massivement séparés de certains employés.
Et même lorsqu’ils ne l’ont pas fait ce sont leurs prestataires qui l’ont fait !
Ainsi lorsqu’il a fallu augmenter très rapidement les capacités cela a pris du temps.
Les compagnies aériennes, quand elles avaient assez de personnel, devaient vérifier leurs avions, les remettre en circulation et parfois le personnel manquait d’heures de vol pour être opérationnel de suite.
Mais ça n’est rien à coté des aéroports ou le recours à la sous traitance est massif. Plus d’agents pour les contrôles de sureté, plus personne pour manipuler les bagages.
Le résultat on l’a tous vu et vécu l’été dernier avec des passagers naufragés en masse dans certains aéroports. Et même si en France la situation était moins mauvaise qu’ailleurs, encore fallait il que les aéroports de transit et de destination soient en état d’opérer normalement ce qui n’était pas toujours le cas.
Mais un an après on devrait en théorie s’attendre à une amélioration de la situation. En théorie seulement.
Des signes d’inquiétude pour l’été 2023
Le principal problème de 2022, le manque de personnel, est en cours de résolution mais la situation n’est toujours pas optimale. Selon les aéroports il manque du personnel aux contrôles, à la manutention, des contrôleurs aériens, voire les trois !
Et même quand des recrutements on été effectués ils n’ont pas suivi la vitesse de l’augmentation du traffic : il y aura en Europe 15% de vols en plus en 2023 qu’en 2022, ce qui signifie un million de vols en plus ! Certains ne feront que traverser le ciel européen mais il leur faut des contrôleurs, les autres auront également besoin de personnel au sol car ils partiront et/ou se poseront dans un aéroport européen.
La différence avec 2022 est que la situation est, cette fois, anticipée pour éviter un nouvel été chaotique. Et comment fait on si la demande augmente mais qu’on manque de personnel ? Et bien on réduit le traffic !
Chez Lufthansa on parle de 34 000 vols annulés cet été non pas à cause de la compagnie mais des problèmes en personnel des aéroports allemands.
Même son de cloche à New York ou le manque de contrôleurs aériens va entrainer une limitation du nombre de vols cet été. On s’attend à ce que les compagnies doivent supprimer 10% de leurs vols. Si des limitations ne sont pas mises en place les annulations et retard augmenteront de 45% par rapport à l’an dernier.
Pas mieux à Amsterdam où le traffic a été réduit d’abord pour des problèmes de personnel puis pour des raisons environnementales qui ont tout l’air d’un prétexte permettant de ne pas dire que le gestionnaire de l’aéroport est incapable aujourd’hui de l’opérer à pleine capacité, par manque de personnel.
Toronto, Londres… la liste des aéroports annonçant des limitations de traffic ne cesse de s’allonger.
Grèves en prévision ?
Comme si cela ne suffisait pas il reste les phénomènes imprévisibles : les grèves ! C’est une spécialité européenne mais dans un contexte socialement et économiquement tendu on ne peut pas exclure que cette mode se diffuse à l’étranger.
En France les contrôleurs aériens sont régulièrement en grève depuis le début de l’année et rien ne dit que le mouvement va s’arrêter de sitôt. Pire : vu la position centrale de la France dans le ciel Européen ce sont toutes les compagnies qui le traversent qui le subissent et s’en plaignent.
Ca n’est pas mieux en Allemagne ou une grève massive du personnel des aéroports a eu lieu en mars sur fond de revendications salariales. Et là encore rien ne dit qu’une bombe à retardement n’explosera pas cet été !
TAP Air Portugal est passée près d’une grève à Pâques en raison de la non ratification d’accords sociaux. Là encore, le feu couve.
L’amélioration de la situation a un coût et le passager le paiera
On a donc deux phénomènes, le manque de personnel et les revendications des salariés actuels, principalement dans les aéroports et le contrôle aérien qui laissent présumer que l’été ne sera pas spécialement paisible pour les passagers. Mais en plus de compliquer leurs vacances cela les rendra plus chères.
En effet la limitation des vols, lorsqu’elle est mise en place, n’a pas pour objectif de rendre les voyages fluides, juste de garder les retards et les annulations à un niveau acceptable (le seuil d’acceptabilité n’étant pas forcément partagé par le voyageur).
Mais quand la demande augmente alors que l’offre baisse que se passe-t-il ? Les prix montent. La seule solution pour les compagnies aériennes serait de mettre des avions plus gros mais elles les réservent pour les longs courriers et leur flotte n’est pas infinie (ce qui est une autre explication des prix élevés).
Difficultés de recrutement du personnel au sol ? Ils veulent de meilleurs salaires.
Grèves ? Ils veulent de meilleurs salaires.
Si ces revendications sont satisfaites elles seront absorbées par les aéroports qui les répercuteront sur les taxes perçues aux compagnies, qui finiront par les répercuter sur le prix du billet.
Conclusion
Manque de personnel, capacités limitées, l’été 2023 risque d’être compliqué dans certains aéroports. Alors qu’on voit la bulle des tarifs post-covid lentement se dégonfler une autre risque de se développer sur fond de capacités opérationnelles trop limitées au sol.
En tout cas nous resterons vigilants sur le sujet des suppressions de vols.
Image : file d’attente à Amsterdam mai 2022 de Fery Iswandy via Shutterstock