Reprise de l’aérien : l’Europe sans pilote dans l’avion

On s’attendait à que la reprise de l’activité aérienne serait longue et elle l’est. On s’attendait à ce qu’il y ait des à-coups et il y en a. On s’attendait à ce que ces à-coups soient gérés avec intelligence en tirant les leçons de la cacophonie qui a accompagné la séquence de fermeture/réouverture du ciel aérien et ça n’est malheureusement pas le cas.

Depuis que le virus a recommencé à se propager localement dans certaines géographies, les frontières ont commencé à se refermer dans la plus grande cacophonie et de manière tellement peu lisible et compréhensible pour le voyageur aérien qu’il préfère ne pas voyager du tout.

Le ciel n’est réouvert que sur le papier

Si la réouverture du ciel est une réalité sur le papier, les Etats n’ont donc rien fait pour que cela devienne une réalité opérationnelle.

En fonction de votre provenance vous serez, selon votre pays de destination, autorisé sans autre forme de procès, soumis à l’obligation d’un test, d’une quarantaine ou tout simplement interdit d’entrée. Le tout de manière totalement unilatérale, mais pire encore, de manière totalement inefficace.

Le Français en provenance de Paris ou d’une zone à risque devra se soumettre à une quarantaine en arrivant en Allemagne ou fournir un test négatif. Par contre si le Parisien fait un détour par Nantes pour prendre un vol pour l’Allemagne le risque aura disparu à son arrivée sur le territoire breton.

L’espagnol doit fournir un test s’il se rend en Italie tout comme toute personne ayant séjourné récemment en Espagne. Mais que se passe-t-il s’il passe par la France ?

S’il prend un billet, disons, Madrid-Paris-Rome il est traçable et devra fournir le dit test. Mais s’il joue au self-connect et prend deux billets différents pour aller à Paris puis à Rome ? Techniquement parlant il est fort certainement traçable. Pratiquement parlant il arrive à Rome vierge de toute suspicion.

L’Europe s’assied sur Schengen

On a invoqué les accords de Schengen pour dire que la fermeture du ciel de l’espace du même nom ne pouvait être qu’une mesure exceptionnelle et en aucun cas unilatérale. Personne n’a donc été surpris de voir que la pourtant très critiquée Suède a dès le départ été accessible à tous et le reste et que les suèdois qui étaient les plus suspects du continents ne soient pas refoulés à nos frontières. Pas surpris d’un point de vue légal, cela s’entend, car d’un point de vue sanitaire tout cela était questionnable.

La Hongrie a totalement fermé ses frontières il y a quelques jours. Le Danemark en a fait de même pour les ressortissants de certains pays dont la France en imposant une quarantaine. On assiste à une série de violations unilatérales du traité de Schengen qui rend le ciel européen aussi illisible que chaotique.

Tant que les pays membres de l’Union n’auront pas une liste conjointe des pays « sûrs » et « à risque », ne l’appliqueront pas de la même manière sans aucune décision unilatérale, le trafic ne repartira tout simplement pas.

La fermeture des frontières n’est pas la solution, la cohérence oui

Et nous ne parlons que de l’Europe car la même gabegie règne au niveau mondial mais balayons d’abord devant notre porte là où il existe un espace de libre circulation administré avec des règles qui étaient jusqu’ici communes et appliquées par tous.

La fermeture unilatérale des frontières n’est pas la solution et l’est encore moins lorsqu’elle n’est pas comprise, pas claire et parfois contournable. Ce qui fonctionne est une régulation commune et appliquée de manière uniforme.

Ne cherchez pas plus loin ce qui fera que le ciel européen retrouve sa trajectoire vers des jours meilleurs. Ca n’est pas pour l’instant la confiance du passager ni l’ouverture vers l’international long courrier. C’est simplement de la cohérence et du courage politique au sein des Etat membres.

Mais à pinailler sur l’improbable l’Europe n’a certainement pas le temps de faire respecter ses règles les plus fondamentales.

Photo : union européenne De Melinda Nagy via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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