Fin de la guerre à $13 milliards entre Airbus et Qatar Airways : une bonne solution pour les deux ?

Airbus et Qatar Airways ont mis un terme au bras de fer qui les opposait depuis l’été 2021 au sujet de la qualité de la peinture des A350 livrés à la compagnie Qatarienne. Mais cette sortie de crise est elle aussi bonne pour les deux parties ?


Rapide rappel des faits

Comme nous vous l’expliquions, la compagnie du Qatar a constaté un défaut de peinture sur ses A350 et les autorités locales ont estimé que ce défaut présentait un danger pour la sécurité des vols et une partie de la flotte a été clouée au sol. Et bien que le constructeur européen ait reconnu un problème il a contesté le fait qu’un risque puisse exister et a refusé de payer les compensations demandées par Qatar Airways.

En attendant que la justice se prononce Qatar Airways a refusé la livraison de deux A350 et a demandé des dommages et intérêts pour les appareils immobilisés. Airbus a répondu en demandant elle-même des dommages et intérêts pour la livraison refusée et a unilatéralement annulé une commande de 50 A321Neo.

S’en est suivi de nouvelles annulations de la part d’Airbus, un rendez vous devant les tribunaux en juin 2023 et le sentiment que le divorce était consommé entre les deux partenaires.

Dans l’affaire Airbus s’est assis sur $13 milliards de commandes et Qatar a du se retourner vers Boeing pour remplacer les A321Neo mais avec un inévitable décalage de la livraison dans le temps. Et les A350 ne volaient plus.

Mais alors que le procès s’approchait les deux parties ont trouvé un accord et on mis fin aux poursuites judiciaires.

L’accord entre Airbus et Qatar Airways

Ils ont en effet annoncé en début de mois qu’ils étaient « heureux d’être parvenus à un règlement à l’amiable et mutuellement acceptable concernant leur différend juridique concernant la dégradation de la surface de l’A350 et l’immobilisation au sol de l’A350. Un projet de réparation est maintenant en cours et les deux parties ont hâte de remettre ces avions en service en toute sécurité « .

Les termes de l’accord son bien sûr confidentiels.

Comme on peut s’y attendre le communiqué précise que cet accord n’est « pas une reconnaissance de responsabilité pour l’une ou l’autre des parties » ce qui permet de repartir sur des bases saines et de sauver l’honneur de part et d’autre. Pas de perdant, pas de gagnant, et deux partenaires heureux de retravailler ensemble.

Conséquence ? Toutes les commandes annulées sont de nouveaux valides. Cela représente tout de même 50 A321Neo et 23 A350.

Bizarrement cet accord a été trouvé après que la justice ait demandé à l’autorité de régulation Qatarienne de justifier le risque qu’elle invoquait en termes de sécurité. Comme nous le pensions dans notre précédent article le fait qu’elle ait invoqué cet argument pour rendre service à sa compagnie nationale semble se confirmer.

Mais dans un tel accord il y a souvent un gagnant et un perdant et dans ce cas le perdant est facile à trouver.

Et le perdant est …. Boeing

Là encore les choses se sont passées comme nous l’avions anticipé.

D’accord les deux entreprises ont quelque peu écorné leur image mais cela sera vite oublié.

Airbus récupère pour $13 milliards de commande et ça n’est pas rien même si on sait qu’elle a plus de 10 ans de commandes devant elle et que son plus grand challenge aujourd’hui n’est pas de vendre mais muscler son outil de production.

Qatar Airways recevra finalement les avion qu’elle a commandé et dont elle avait grand besoin. Mais surtout elle évite de se retrouver dans une position inconfortable devant…Boeing.

Il est en effet difficile de négocier avec un fournisseur quand il sait que vous n’avez pas de plan B, qu’il n’est pas en concurrence. Cela aurait mis la compagnie dans une posture très inconfortable et il y a fort à parier qu’elle aurait payé ses futures commandes plus cher que dans une situation normale.

Le perdant est finalement Boeing qui aurait pu espérer récupérer un client quasi-captif. Il n’en sera rien.

Conclusion

Après deux ans de dispute à propos de la peinture défectueuse des A350 Airbus et Qatar Airways viennent de trouver un accord avant le procès et repartent bons amis comme si rien ne s’était passé.

Et Boeing ne récupérera donc pas un client captif tombé du ciel.

Image : A350 Qatar Airways de Vytautas Kielaitis via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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