Vendredi 27 octobre 2019 marquait un jour important dans l’histoire d’Air France, notre compagnie nationale : elle recevait les clés de son tout premier Airbus A350, le premier d’une série de 28 qui seront livrés dans les 5 prochaines années.
TravelGuys a donc été invité à assister à l’arrivée du vol de convoyage de l’avion depuis les usines Airbus de Toulouse vers l’aéroport Paris Charles-de-Gaulle où une cérémonie d’inauguration était prévue.
Un avion magnifique
L’Airbus A350 est un avion magnifique, et la livrée d’Air France le sied parfaitement. L’arrivée sous un temps orageux est superbe.
Après un long temps de taxi, et un passage devant le siège de la compagnie tricolore pour un salut par les employés, l’appareil est arrivé devant la porte M50 du terminal 2E pour un water cannon salute très long.
L’avion est venu alors se positionner doucement vers la porte, pour le plus grand bonheur des blogueurs que nous étions sur le tarmac.
Les passagers du ferry flight ont ensuite débarqué par la passerelle vers la jetée d’embarquement M du terminal 2E, certains avec des vols de correspondance, d’autres pour assister à la cérémonie officielle.
Une cabine récente mais qui manque d’innovations
Après avoir entendu les discours assez courts d’Anne Rigail, directrice Générale d’Air France et de Benjamin Smith, PDG du groupe franco-néerlandais, nous embarquons à bord de ce tout nouvel A350.
L’embarquement sera différé de quelques minutes, le temps aux différents chefs de produit de s’installer à bord et de préparer leurs explications.
Une Business Class aux standards du marché, sans fioriture ni innovation
On reconnait le positionnement d’une compagnie aérienne par la qualité de sa Business Class, c’est notre avis sur TravelGuys. En ce sens, la réputation assez no-frills de SAS a été démentie par la qualité de sa classe affaires, louée ici à la fois au départ d’un de ses hubs qu’au départ d’une escale de bout de ligne.
Avec cet Airbus A350, Air France fait dans le classique mais solide, avec un produit en 1-2-1 staggered, exactement similaire à celui proposé par SAS justement.
On aurait pu s’attendre à un brin d’innovation ou à un alignement sur les meilleurs produits du marché comme la suite Delta One ou la Q Suite de chez Qatar Airways, mais il n’en sera rien.
Le siège reprend la philosophie globale des sièges BEST, notamment avec ce rangement bien pratique (mais difficile à ouvrir).
Contrairement à la configuration en épi, ou reverse-herringbone des sièges Cirrus ou Super Diamond, cette configuration évite à des voyageurs en duo d’être séparés par une massive console centrale, et offre des ambiances différentes pour chaque siège.
L’IFE est de très bonne taille, et il serait difficile de faire beaucoup plus grand de toute manière.
La boîte à pieds est plutôt plus grande que celle de la concurrence, mais moins grande que celle des sièges Super Diamond pour sûr.
Air France a commandé des options plutôt onéreuses en Business, telles que ces cache-hublots motorisés, à l’intérêt limité, mais à l’aspect très Premium (à l’instar de la cabine La Première équipée d’un tel système).
Le système est néanmoins tellement fragile que Qatar Airways n’a pas renouvelé l’option sur ses derniers A350 reçus.
Enfin des recliners en Premium Economy !
Il était temps : Air France a enfin compris que les français mesuraient maintenant plus d’1m80, et que l’idée du « siège coque qui glisse sur lui-même en préservant l’intimité du passager » n’a de sens que si le passager n’a pas ses genoux qui cognent sur le siège de devant lorsqu’il s’allonge.
Le choix a donc été fait de s’aligner sur le marché (British Airways, Lufthansa, Singapore Airlines) en déployant des sièges recliners en Premium Economy.
L’inclinaison des sièges a été revue en nette hausse, avec un quasi-alignement sur les anciennes classes Business, à 123°
Une vraie révolution, qui me fera peut-être revoyager en Premium pour les vols de nuit, qui sait ?
Une classe Economy rafraîchie
Difficile de faire des grandes révolutions de hard product en classe économique.
Néanmoins, le siège choisi est plutôt confortable et la configuration en 3-3-3 rend le confort acceptable.
Pour ce qui est des basiques, ils sont plus que respectés avec des coffres à bagages spacieux et nombreux.
Le divertissement n’est pas oublié avec des écrans de 11 pouces et un système IFE très réactif. Des prises USB individuelles sont disponibles pour recharger nos devices toujours plus gourmands.
Les harmonies couleurs sont travaillées pour égayer un peu cette cabine qui serait bien triste en tout bleu nuit.
Une attention particulière a été apportée aux lieux d’aisance, passage obligé des passagers de cette classe.
Nous avons pu prendre quelques photos du crew rest des PNC, lieu traditionnellement secret où se repose l’équipage en dehors des heures de service à bord.
En résumé, une belle cabine, mais aucun produit révolutionnaire. Gageons que le soft-product fera un vrai bon qualitatif.
L’A350, un vrai Game Changer pour Air France ?
Rappelez-vous, la stratégie désastreuse des dirigeants précédents du groupe Air France KLM avait conduit à une absurdité : la double présence des Boeing 787 et Airbus A350, sensiblement sur les mêmes segments de marché, dans les deux compagnies que sont Air France et KLM.
De ce fait, Benjamin Smith, fraîchement nommé PDG du groupe, avait procédé à une saine rationalisation des commandes, orientant les appareils de l’avionneur américain vers KLM, nativement plus Boeing et les appareils de l’avionneur européen vers Air France. Restent les quelques 787 Air France… Qui pourraient bien passer dans le camp batave, les cabines Business étant similaires hors harmonie cabine.
En recevant l’Airbus A350, Air France commence le rajeunissement de sa flotte, remplaçant les A340 qui finissent leur service en ce moment ainsi que les plus vieux 777-200 (ceux qui n’ont pas été rétrofittés).
Mais surtout, Air France entre dans le 21ème siècle, avec un avion plus respectueux de l’environnement dans lequel il évolue :
- En termes environnementaux avec une consommation de carburant 25% inférieure aux avions de précédente génération, comme le Boeing 777 ou l’Airbus A330 : « Cet appareil consomme 25 % de carburant en moins (soit 2,5 litres par passager aux 100 kilomètres) grâce à l’incorporation de matériaux plus légers à hauteur de 67% : 53% de composites et 14% de titane » ;
- En termes sociétaux avec une réduction du bruit de 40% au décollage et à l’atterrissage (rotation et circuit d’approche) grâce à des motorisations plus modernes.
Pas une révolution pour la compagnie tricolore, mais une évolution qui va aussi lui permettre l’accélération de la modernisation de ces cabines, dont la cabine Business long-courrier, dont l’équipement full-flat reste légèrement inférieure à 50%, et qui va, via ces nouveaux appareils, sortir des cabines vieilles de 20 ans…