Alitalia : EasyJet renonce et l’horizon s’assombrit

Après Delta qui se montre précautionneux c’est EasyJet qui annonce clairement ne pas vouloir participer au rachat d’Alitalia.

Alitalia est donc en vente depuis septembre 2017 et rien ne semble indiquer que la compagnie Italienne ne va pas continuer à creuser son trou seule et boire le calice jusqu’à la lie.

Le gouvernement italien : repoussoir à investisseurs

Lufthansa s’est montrée intéressée mais hors de question pour les allemands de ne pas être seuls maître à bord et de reprendre un bateau ivre aux effectifs pléthoriques. Refus net de l’état italien de ne pas garder le contrôle seul ou avec des investisseurs italiens, refus également d’accéder à la demande allemande de ne garder que 60% des effectifs. Plutôt que s’engager sur un terrain aussi glissant, Lufthansa a donc passé son tour.

Second repreneur affiché : Delta en tête de fil d’un consortium dont les contours ont varié au fil du temps. D’abord seule pour ensuite céder une partie de sa participation à Air France-KLM une fois l’opération conclue, puis en consortium avec Easyjet. La semaine dernière si Delta affichait sa volonté d’aider son « partenaire » (Alitalia est membre de Skyteam mais surtout de la coentreprise Atlantique avec Air France-KLM et Delta), les modalités se sont faites plus floues. Entre les ligne on comprend que Delta veut aider  mais plus nécessairement par le biais d’une prise de participation. En tout cas pas sans pouvoir influer sur la stratégie de l’entreprise….ce qui nous ramène encore une fois aux exigences du gouvernement Italien et sa position protectionniste.

Mais aujourd’hui c’est donc Easyjet qui se retire officiellement de l’opération laissant Delta seule.

Bref l’Etat Italien se retrouve avec une compagnie criblée de dettes, qui continue à perdre de l’argent avec, en face, un seul interlocuteur crédible qui lui n’a pas l’intention de payer pour voir ni de faire de l’humanitaire. Si Delta investit c’est, en toute logique, pour rentabiliser son investissement et pas pour se donner le droit de continuer à renflouer Alitalia ad vitam eternam. Nulle doute que l’expérience Etihad a été analysée de près du côté américain.

Alitalia est le dos au mur

Quelles options se présentent désormais :

1°) Céder face aux exigences de Delta ? Le gouvernement italien élu sur un programme populiste ne peut se le permettre et encore moins en période d’élections européennes.

2°) Ramener Delta à revoir ses exigences ? Delta n’est pas les restaurants du cœur.

3°) Trouver un autre partenaire ? Lufthansa ne viendra pas à ces conditions, Air France-KLM je pense a beaucoup mieux à faire et doit apprendre  à se reformer elle-même avant d’essayer de redresser une compagnie encore plus irréformable qu’elle. IAG ? IAG s’est retiré du rachat de Norwegian, en tout cas a priori. Dans les deux cas il y a une compagnie à renflouer mais Alitalia ne correspond pas à ce qu’IAG voulait faire au travers de Norwegian (viser le low cost long courrier) et Norwegian reste une entreprise agile, résiliente et réformable avec un Etat moins encombrant.

4°) Garder Alitalia et éponger jusqu’à ce que mort s’en suive.

Et si la seule solution pour Alitalia était le dépôt de bilan et une renaissance sur des bases saines, voire au travers d’une vente par appartement ? Il n’est pas exclu d’ailleurs que les repreneurs potentiels n’attendent que ça car le temps joue pour eux.

Image : Alitalia De Stefano Garau via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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