Contre toute attente c’est donc Air France-KLM qui a été choisie pour rentrer en négociation exclusive pour le rachat d’ITA Airways. Une décision que nous trouvons plutôt inquiétante.
Un choix plus politique qu’économique
Nous avions présenté les différentes offres dans un précédent article et étions arrivés à la conclusion suivante : Air France-KLM bien que partenaire historique d’Alitalia/ITA n’était pas pour nous le meilleur choix.
Faire un choix économique sensé aurait été de choisir Lufthansa, faire un choix politique aurait été de choisir Air France KLM. Et bien c’est la politique qui l’a emporté.
Pas sur que tout le monde y gagne au change.
Air France-KLM un mauvais choix pour le développement d’ITA
Autant mettre les pieds dans le plat nous partageons l’avis de certains politiques qui ne voyaient pas d’un bon oeil la candidature du groupe franco-néerlandais. Tout laisse à penser qu’alors que Lufthansa voulait développer ITA et son hub de Rome, Air France-KLM va surtout se servir de la compagnie italienne pour alimenter ses hubs de Paris et Amsterdam.
Dommage pour ITA.
ITA un mauvais choix pour Air France-KLM
Mais nous pensons également que racheter ITA est une erreur pour Air France-KLM. Soyons plus précis : ITA est une bonne chose mais pas aux conditions de l’offre d’Air France-KLM.
Nous n’allons pas vous rappeler une fois de plus la longue liste d’articles que nous avons publié sur la lente agonie d’Alitalia. Ses causes sont nombreuses mais au nombre d’entre elles figurent les politiques et la culture d’entreprise.
En laissant le gouvernement italien nommer le président d’ITA et en lui concédant un droit de regard sur les choix stratégiques de la compagnie, Air France-KLM se tire une balle dans le pied.
Une bonne stratégie mais de mauvaises raisons
Il arrive qu’on ait une bonne stratégie, qu’on fasse des choses intelligentes..mais si on les fait pour de mauvaises raisons cela peut tourner mal.
De la même manière qu’en cette fin de mercato au football on assiste à des « panic buy », autrement dit des achats de joueurs sans aucune logique autre que dépenser son budget avant la date de cloture, le rachat d’ITA a tout du panic buy.
Il ne semble pas qu’Air France-KLM avait besoin d’ITA ni avait une vraie stratégie pour elle, au contraire de Lufthansa. La seule logique qui semble avoir prévalu a été « tout faire pour qu’ITA n’aille pas chez Lufthansa », même au prix de toutes les concessions.
Ayant peu de moyens, Air France-KLM a du mettre dans la balance tout ce qui arrangerait les italiens sans que cela ne lui coute rien. Droit de regard sur les choix stratégiques, nomination du président. Un peu plus ils auraient envoyé Anne Rigail danser sur la table des négociations si cela aurait pu aider.
Une victoire à la Pyrrhus ?
Pour autant rien ne dit qu’Air France-KLM soit au bout de ses peines. Un nouveau gouvernement sera prochainement nommé en Italie et rien ne dit qu’il ne bloquera pas la vente.
Les partis les plus nationalistes ont d’ailleurs demandé une pause dans le processus de vente et disent déjà » « qu’il est très important de savoir (…) s’il est possible de conserver une compagnie nationale ».
Cela promet.
Il se peut donc que dans un mois ITA reste italienne et que la gabegie continue.
Conclusion
Air France-KLM est donc favorite pour racheter ITA Airways au nez et à la barbe de Lufthansa. On se réjouirait pour le groupe si cela ne se passait pas à des conditions qui font craindre qu’il se retrouve embarqué dans un psychodrame permanent dont les italiens ont le secret.
ITA de Davide Calabresi via Shutterstock