Voyager avec un itinéraire flexible : quelle différence entre layover, stopover, open jaw… ?

A priori acheter un billet d’avion c’est simple : un a un point de départ, une destination et un vol avec ou sans correspondance entre les deux.

Mais beaucoup de voyageurs aiment joindre l’agréable à l’utile et mettre un peu de variété et de flexibilité dans leur itinéraire pour, par exemple, visiter une ville où ils ont une escale ou ne pas repartir, pour leur vol retour, de la ville où les a amené leur vol aller.

Tout cela est possible, parfois à condition d’en payer le prix, mais parfois gratuitement.

Par définition un itinéraire n’est pas flexible

En général ce qui est agréable n’est jamais gratuit et le monde de l’aérien ne fait pas exception à la règle. Par définition un voyage c’est donc :

  • Un point de départ et une destination, destination d’où on repart pour rejoindre son point de départ lors du vol de retour.
  • Des correspondances qu’on essaie de rendre les plus courtes possibles et qui dont l’objectif est de vous permettre de passer d’un vol à un autre et pas de faire du tourisme sur place.

Ca ce sont les règles de base du billet « de base » qui est normalement celui que vous allez acheter et elles sont clairement explicitées dans la description de la classe tarifaire de votre billet si vous prenez la peine d’en rechercher les détails.

Après tout est possible en termes de flexibilité d’itinéraire mais cela vous emmènera vers une tarifaire plus chère…à moins que la compagnie n’ait une politique généreuse et décide de vous l’offrir sous certaines conditions.

Voyons de quoi on parle et comment vous organiser pour ajouter un peu de flexibilité à votre itinéraire pour mieux profiter de vos étapes et de votre destination.

Le layover (ou correspondance)

Une correspondance (layover) est le temps d’attente entre deux vols faisant partie de votre itinéraire. Sa durée est de 24h maximum (23h59 minutes pour être exact).

Aujourd’hui les compagnies essaient, pour le confort des voyageurs (mais aussi pour remonter en haut des moteurs de réservation avec des durées de voyage plus courtes), de réduire au maximum les temps de correspondance mais ça n’est pas toujours possible. Par exemple il y a des vols qui s’opèrent traditionnellement en soirée et si votre vol d’apport est un vol matinal vous pouvez vous offrir une belle correspondance sur place. Suffisamment belle pour faire un peu de tourisme sans frais.

Par exemple un passager en correspondance à Paris sur un vol vers l’Asie partant en fin de soirée pourra essayer de trouver (lorsqu’elle est proposée) une longue correspondance avec un vol arrivant le matin.

Sur des compagnies dont les hubs opèrent 24h/24 il est plus simple de trouver de telles correspondances longues (Turkish Airlines à Istanbul, Emirates à Dubaï…).

En cas de correspondance longue rien ne vous empêche de quitter l’aéroport (sauf cas très spécifiques) pour aller vous promener en ville (pourvu que vous remplissiez les conditions d’entrée comme un visa par exemple). Attention : il vous faudra par contre repasser tous les contrôles à votre retour à l’aéroport, ce qui est à prendre en compte dans la durée de votre escapade.

En cas de correspondance « longue » certaines compagnies vous proposent même des services pour agrémenter votre temps d’attente.

Par exemple Turkish Airlines vous propose de vous offrir l’hôtel en cas de correspondance d’une durée supérieure à 9h en business ou 12h en éco. De la même manière en cas de correspondance supérieure à 20h la compagnie Turque vous propose de vous faire visiter la ville mais on en parlera un peu plus loin.

Chez Emirates le service « Dubai connect » vous offre l’hôtel pour les correspondances d’une durée de 10h à 24h. Un service existe également pour les correspondances plus longues dont on parlera plus loin également.

Il peut arriver que les sites des compagnies aériennes ne proposent que les correspondances les plus « optimisées » (donc courtes) mais on peut contourner le problème en passant par une agence de voyage en ligne. Par exemple pour un de mes derniers voyages Lufthansa ne me proposait pas de correspondance assez longue à Francfort vers Singapour pour que je profite pleinement du First Class Terminal mais en passant par une agence de voyage en ligne j’ai trouvé une correspondance d’une dizaine d’heures. Ici ça n’était pas pour aller en ville (quoique j’aurais pu) mais pour tester un service à l’aéroport mais la logique est la même.

Il y a une autre solution pour s’offrir un beau layover entre deux vols.

Il s’agit est de prendre deux vols distincts sur deux billets distincts. Mais ici on est dans une logique de self connect avec les risques que cela comprend et pas dans une logique de correspondance proprement dite puisqu’on parle de deux billets qui n’ont rien à voir. Et dans ce cas vous devrez souvent récupérer vos bagages et les réenregistrer alors que dans le cas d’un vrai layover vous n’avez pas à vous en occuper. Pas si anecdotique : si vous arrivez avant l’ouverture du comptoir d’enregistrement vous allez devoir déposer vos bagages à la consigne ou les garder avec vous toute la journée.

Ca m’est arrivé (même si ça n’était pas l’objectif de départ) avec 10h à Singapour entre un vol Singapore Airlines et un Lufthansa (ce qui m’a permis d’aller me balader et visiter le Jewel) ou à Goteborg avec 6h entre un Turkish Airlines et un Lufthansa…On peut utiliser ce temps comme on l’entend mais si on traine trop et qu’on rate son vol on en est seul responsable (à moins d’un billet flexible échangeable sans frais bien sûr).

Mais vous pouvez également planifier un séjour plus long pour profiter davantage de votre ville de correspondance.

Le stopover ou la pause pendant votre voyage

Un stopover est une vraie escale de plus de 24h. Vous vous arrêtez pendant 24h ou plus dans votre ville de correspondance pour en profiter pleinement. Les deux vols sont sur le même billet mais vous avez une vraie interruption dans votre voyage, vous récupérez les bagages etc.

Il n’y a pas de limite technique à la durée d’un stopover en dehors de celle de la validité du billet (1 an). Rien ne vous empêche de faire un stopover de 1 mois à Singapour entre Paris et Sydney et en profiter pour aller visiter la ville, la Thailande, Bali et les env

irons.

Tous les billets ne permettent pas un stopover et souvent le droit de faire un stopover vous fera basculer dans une classe tarifaire plus chère…mais pas toujours.

Retenez une chose : le stopover est une forme de flexibilité dans votre billet et donc il se paie sauf lorsque la compagnie a intérêt à ce que vous vous arrêtiez.

Je mentionnais Emirates et Turkish Airlines plus haut. Ces compagnies vous proposent facilement d’organiser des stopover, vous paient même l’hotel pendant de 1 à 3 jours selon les cas et votre classe de voyage, vous proposent même des excursions.

Alors vous pouvez vous demander pourquoi certaines compagnies font payer le stopover alors que d’autres vous l’offrent, vous offrent même l’hôtel et parfois vous font même payer le billet moins cher ? La réponse est simple : le développement du tourisme local.

Air France ou American Airlines par exemple vous font payer le stopover. Pourquoi ? Paris ou New York (dans le cas d’une correspondance American Airlines à New York) sont par définition des villes de destination. Le passager n’a pas besoin d’incitation spéciale pour vouloir s’y arrêter, leur réputation se suffit à elle-même. Un grand nombre de passagers qui passent par Paris sur Air France ont pour destination Paris par rapport à l’ensemble de ceux qui transitent par l’aéroport.

Par contre Dubai (Emirates) ou même Istanbul (Turkish Airlines) sont vues par la plupart des passagers comme des villes de correspondance. Des immenses hub où l’on ne fait que passer car les compagnies qui y opèrent ont construit leur attractivité (et leurs tarifs) en fonction de cette logique. Dubai et Istanbul sont des destinations très attractives en soi mais par rapport à la masse des passagers qui transitent par ces deux aéroports très peu les ont comme destination finale. Ils ne sont que de passage. Le fait de rendre les stopovers faciles, pas cher et de les favoriser a pour but de faire passer un message au passager : « Passe un peu de temps, dépense un peu d’argent au passage, et ça te donnera envie de revenir uniquement pour nous rendre visite ».

D’ailleurs souvent ça n’est pas une initiative de la seule compagnie mais un programme conjoint avec les autorités locales, le ministère du tourisme ou équivalent, qui se sert de la compagnie comme d’un outil de promotion et (co)finance ces initiatives.

Pour finir ces programmes de Stopover peuvent faire partie intégrante des pratiques de la compagnie (cela fonctionne tout le temps) où n’avoir lieu qu’à des moments spécifiques sous forme de campagnes comme on l’a vu par exemple avec Oman Air qui à un moment voulait replacer Mascate sur la carte du tourisme mondial pour ses passagers « premium ».

L’Open Jaw pour repartir d’une ville différente de celle de votre arrivée ou revenir dans une ville différente de votre point de départ

Autre manière d’apporter de la flexibilité à votre voyage : ne pas repartir de la ville par laquelle vous êtes arrivé. Par exemple vous allez visiter les Etats-Unis, vous arrivez par New York, vous vous organisez un périple qui va vous mener à Los Angeles. Evidement pour votre retour vous avez envie de repartir directement de L.A. vers Paris et pas de devoir repasser par New York ce qui est plus fatigant et réduit le temps que vous allez passer en Californie.

Cela est possible avec un billet « Open Jaw » (aucune référence avec les Dents de la Mer). Il vous permet de réserver des vols de A à B et de C à A sans vol entre B et C.

Mais vous avez peut être envie d’être encore plus exigeant et ne pas revenir à votre ville de départ. Par exemple vous partez de Francfort pour aller à Singapour, repartez de Bangkok (donc Open Jaw) pour rentrer à…Munich. Cela s’appelle un Double Open Jaw.

Là sans aucune surprise, qu’on parle d’Open Jaw ou de Double Open Jaw cela se paie et vous emmène dans des classes tarifaires « chères ». Le prix de la flexibilité.

Voilà on espère que cela vous a donné pleins d’idées pour organiser vos routings à l’avenir pour ne pas vous contenter de profiter de votre destination finale, prendre du temps là où vous en avez envie et ne pas en perdre là où cela vous intéresse peu !

Image : vol en correspondance de BCFC via shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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