Quel est le temps minimum pour ne pas rater sa correspondance ? (ou MCT pour Minimum Connection Time)

C’est un grand sujet de stress pour de nombreux passagers, surtout les moins expérimentés : aurai-je assez de temps pour ma correspondance et ne pas rater mon vol ?

Quand on connait bien son aéroport de correspondance on peut avoir une vague idée voire une idée assez précise. Mais quand on a une correspondance dans un aéroport inconnu à l’étranger on peut parfois légitimement s’inquiéter.

Heureusement il existe un dispositif qui vous évitera de vous retrouver devant une correspondance impossible à attraper : le Minimum Connection Time ou MCT.

Qu’est ce que MCT (Minimimum Connection Time ?)

Le MCT est le temps minimum qu’il vous faut, dans un aéroport donné, pour effectuer votre connection. Il est défini en fonction des spécificités de chaque aéroport et du type de correspondance.

Il n’existe donc pas de règle absolue valable partout qui vous dira si votre temps de correspondance est « juste » ou « confortable ».

Pour un aéroport donné le MCT va donc bien sur prendre en compte les terminaux concernés et le fait que la correspondance soit de vol intérieur à vol intérieur, d’intérieur à international, d’international à intérieur, d’international à international.

Qu’est ce que le MCT prend en compte et ne prend pas en compte ?

Le MCT est un temps de correspondance minimum « normal » pour des personnes « normales ». Il :

  • Part du principe que votre vol entrant est à l’heure (et votre vol sortant également mais c’est moins un problème
  • Prend en compte la distance entre les terminaux/portes concernés.
  • Prend en compte les contrôles de sécurité entre les deux portes

Par contre il y a des éléments que le MCT ne prend pas en compte

  • Toute mesure de sécurité exceptionnelle qui peut ralentir votre correspondance
  • La possibilité que l’aéroport soit plus congestionné que prévu au moment donné
  • Le fait que vous ayez des difficultés à vous déplacer
  • Le fait que vous soyez à l’avant ou l’arrière de l’avion (sur un long courrier cela peut faire une différence d’une heure au départ)
  • Le fait que vous ayez accès ou non aux files prioritaires (là encore la différence peut monter à plus d’une heure dans le pire des cas).

Comment connaitre le MCT d’un aéroport ?

Bon en fait c’est certainement la seule information que vous désirez avoir et bien c’est dommage car nous ne pouvons pas vous la donner.

Il y a trop de cas possibles pour pouvoir publier une liste exhaustive et fiable. En effet il faut prendre tous les cas de correspondances possibles dans un aéroport donnée, entre tous les terminaux, les cas spécifiques à certaines compagnies / provenances / destinations (par exemple un vol pour Tel Aviv vous rallonge largement votre MCT). A titre d’exemple le MCT de Heathrow comporte un peu moins de…2000 cas pour prendre en compte toutes les possibilités.

On ne peut donc connaitre le MCT qu’au coup par coup même si à force on peut se faire un ordre d’idée.

Sachez par contre que le MCT est pris en compte par tous les systèmes de réservation et que c’est une condition bloquante du système. Autrement dit aucune compagnie aérienne ne peut vous vendre un billet impliquant une correspondance inférieure au MCT ! Donc quand vous achetez un billet, dites vous qu’en dehors d’un cas de force majeure « cela doit passer ». Parfois en hâtant un peu le pas, mais ça doit passer.

Bon allez, il y a quand même un moyen : il vous suffit d’utiliser un outil qui a accès aux systèmes de réservation. C’est donc payant mais un abonnement « Premium » à Expertflyer fait très bien le boulot.

Par exemple vous apprendrez qu’à Roissy, arriver d’un vol intérieur Air France pour repartir en international sur Delta demande au minimum 1h…(D/I : domestic to international).

A l’inverse cela prend 50 min minimum à Amsterdam. On remarque que dans l’autre sens (International to domestic) Amsterdam est plus efficace que Roissy (1h30 vs 50 minutes).

Que se passe-t-il si je rate quand même ma correspondance ?

Vous vous doutez bien que si on vous garantit un temps de connection minimum et qu’il est impossible de vendre des correspondances d’une durée inférieure, cela doit bien vouloir dire quelque chose.

Si votre premier vol arrive en retard et de, de ce fait, votre temps de connexion passe sous le MCT et que vous ratez votre correspondance, c’est à la compagnie de vous trouver un autre vol et, le cas échéant de vous dédommager.

Si, malgré le retard, vous restez au dessus du MCT, vous êtes seul responsable si vous ratez votre correspondance.

Bien sûr les compagnies ne sont pas (toutes) totalement aveugles. En cas de retard et de correspondance courte elles mettent souvent en place un dispositif pour accueillir les passagers concernés à la sortie de leur vol pour accélérer leur trajet jusqu’à leur prochain vol. Et si vous avez un doute, vous n’avez rien à perdre à vous identifier auprès du personnel de cabine en vol avant d’atterrir ou du personnel au sol ensuite.

Une correspondance avec deux billets différents ? Attention danger !

Tout cela fonctionne très bien si vous voyagez avec un seul billet d’avion. En d’autre terme tous vos vols (Ex: Bordeaux-Paris, Paris-Singapour, Singapour-Bali) sont sur le même billet et ont donc été achetés ensemble.

Mais que se passe-t-il si vous avez plusieurs billets et pratiquez ce qu’on appelle le « self connect » ?

Ce serait le cas si vous alliez jusqu’à Singapour sur Air France et que là vous décidez de prendre Singapore Airlines pour rejoindre Bali.

1°) Le MCT n’est plus valide

Parce qu’il n’y a pas de continuité entre les deux billets qui représentent des voyages indépendant les uns des autres vous allez devoir récupérer vos bagages pour les réenregistrer, donc passer l’immigration dans un sens puis dans l’autre, idem pour la sécurité etc.
Bref si vous voyagez avec deux billets différents vous vous exposez à plus de formalités et de contraintes que si vous aviez un seul billet donc le MCT n’est pas pertinent dans votre cas.

Là où un MCT de peut être 50 min aurait suffit si vous aviez pris Air France jusque Singapour puis le Singapour- Bali de KLM (bagages enregistrés de bout en bout, pas besoin de sortir du terminal etc), le fait de faire par exemple du Air France puis du Singapore Airlines fait peut être passer le temps nécessaire à 1h30 ou plus. Et encore Singapour est un aéroport très efficace. Je vous conseille d’éviter de tenter le self connect à Roissy sans une marge de manœuvre très confortable.

2°) Tant pis pour vous si vous ratez votre vol

En cas de self connect, si votre vol entrant arrive en retard et que vous ratez le suivant vous êtes « no show ». Vous perdez votre billet. Point. Et si c’est un aller retour vous perdez donc le retour. En d’autres termes tenter un Marseille-Paris sur Easyjet pour ensuite prendre un Paris-New York Air France est une très mauvaise idée !! D’ailleurs cela vaut aussi si les vols sont opérés par la même compagnie : acheter son Marseille-Paris sur Air France et prendre sur la même compagnie un Paris-New York sur un billet séparé n’est pas malin non plus.

Cela vaut dans tous les cas. Retard ou pas. Et que le retard vous fasse passer sous le MCT ne change absolument rien : le MCT ne vous protège que dans le cadre d’un billet unique !

Que retenir du MCT (Minimum Connection Time) ?

  • C’est le temps de correspondance minimum en dessous duquel une compagnie ne peut vous vendre une correspondance.
  • Si un retard fait passer votre correspondance sous le MCT vous êtes protégé et le compagnie doit vous rebooker sur un autre vol.
  • Rien ne sert connaitre votre MCT vu que théoriquement « ça va passer » sauf à vous donner une idée du fait que votre correspondance est large ou serrée.
  • Si vous avez une correspondance avec deux billets différents le MCT ne s’applique pas : le MCT donné pour le cas d’un billet unique n’est plus valide et en plus vous ne bénéficiez d’aucune protection si vous ratez votre correspondance, peu importe la cause.

Image : passager en correspondance de Sergey Furtaev via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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