Il y a un peu plus d’un mois se tenait le Paris Air Forum 2023, en préambule du salon du Bourget dont Bertrand vous a déjà parlé il y a quelques semaines.
Pour résumer cette édition des dix ans ? Déculpabilisation à tous points de vue sur fond d’une reprise du transport aérien commercial bien plus puissante que ce que l’on attendait en début de crise du COVID-19.
Le transport aérien garde une image très positive
L’ouverture du forum par Augustin de Romanet, Président-Directeur Général du groupe ADP, a donné le ton de la matinée : La seule chose qui importe c’est de préparer les futures générations et permettte à nos enfants et nos petits enfants de continuer à voyager et découvrir de nouvelles cultures.
Ce dernier nous a présenté le directeur général de l’IFOP, qui est venu, lui, présenter une étude commandée par La Tribune et ADP autour de l’image du transport aérien en France et en Europe.
Il s’agit donc de sortir de « l’avion bashing »
L’image et la représentation du transport aérien est très positive surtout en Europe latine, Italie et Espagne. Néanmoins, 2/3 des français pensent que le transport aérien doit être limité.
Toutefois, les français pensent que le secteur de l’aéronautique est trop souvent caricaturé et reste un transport d’avenir.
Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de clivage générationnel sauf peut-être en France : globalement en Europe, les jeunes comme les personnes plus mûres pensent la même chose.
L’attente principale des européens est néanmoins celle de la transition écologique du secteur, notamment au travers des carburants verts.
Ce qui est quand même à retenir, c’est que l’approche punitive est massivement rejetée dans la « consommation » de transport aérien à venir.
Une étude très éclairante donc, et qui traduit la lucidité des européens par rapport à la surcommunication sur le sujet en ce moment.
Des limites conjoncturelles à la croissance du transport aérien
Un panel de haut vol est ensuite venu débattre autour des questions de croissance du secteur qui semble être limitée par des facteurs exogènes à la simple demande (qui elle semble très solide).
Le président de l’IATA, Willie Walsh (ex CEO d’IAG, la maison-mère de British Airways et Iberia) souligne que l’été 2023 sera celui du retour à la normale, mais avec un trafic encore 7% sous le niveau de 2019 en Europe, majoritairement en raison des soucis de Supply Chain notamment sur les pièces de rechange des avions Airbus.
Le directeur commercial de l’avionneur indique une accélération intrinsèque mais de réelles difficultés à remettre la machine des fournisseurs en route.
Le président d’Emirates, Tim Clarke, indique lui ne pas subir les problèmes de Supply Chain et qu’ils peuvent assurer le rythme de retrofit de leurs appareils comme annoncé initialement.
En revanche, c’est le sujet des moteurs et de leur manque de fiabilité qui fait l’unanimité entre tous les représentants des compagnies autour de la table : la durabilité n’est pas là et cela impacte fortement les opérations des compagnies.
Pour le nouveau directeur général d’Air India, Campbell Wilson, son problème est plus lié à l’anticipation de l’explosion du trafic car les infrastructures mettent trop de temps à se développer.
Quel transport aérien pour le monde d’après
Quel plaisir de voir un dirigent honnête : j’ai eu ce plaisir avec cette belle interview de Ben Smith, le Directeur Général du groupe Air France-KLM, très franc pendant les échanges du jour.
Son premier constat : un trafic plus Premium qu’auparavant et une nécessité d’ajuster les configurations des cabines subséquemment.
Air France bénéficie d’opportunités de croissance supérieure à ceux de la concurrence grace à la destination Paris.
- Sur le sujet des aides de l’état, le dirigeant les balaie en indiquant qu’ils n’ont pas licencié, c’est lié au modèle social français et que l’état reste actionnaire.
- Sur le sujet de la consolidation des compagnies européenne, il constate que quelques acteurs sont encore indépendants de toute joint-venture notamment ITA, SAS ou TAP. Il reconnaît que ces deux dernières sont des opportunités qu’ils regardent de très près, notamment TAP en raison de son positionnement au Bresil qui intéresse le groupe de par les synergies possibles leur réseau. Il déplore néanmoins la lenteur des autorités portugaises.
- Sur les relations entre Air France et KLM, Ben Smith précise qu’Air France-KLM a été le premier groupe européen avant LH Group et IAG et que lorsque deux compagnies nationales fusionnent, il y a de l’émotion dans le management qu’ils arrivent désormais à dépasser.
- Sur les relations du groupe avec l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, il avoue marcher sur des eux et être furieux contre les autorités néerlandaises qu’il considère s’auto-tirer une balle dans le pied, l’Etat étant actionnaire du groupe à hauteur de 14%. Le groupe, selon lui, travaille pour faire sauter les quotas évoqués.
- Sur Turkish Airlines et sa méga-commande de 600 appareils, l’on sent un peu de langue de bois du dirigeant, qui invoque un marché domestique fort pour cette commande. Faut pas pousser mémé dans les orties !
Conclusion
Un évènement très bien organisé et avec des intervenants de haut vol. Et avec finalement peu de langue de bois.