14 octobre 1947 : Chuck Yeager passe le mur du son

Le 14 octobre marque une date historique dans l’histoire de l’aviation car c’est ce jour, en 1947, que Chuck Yeager a passé pour la première fois le mur du son.

Le mur du son ?

On appelle passage du mur du son le fait de dépasser la vitesse du son dans l’air soit 340 mètres par seconde ou 1 224 km/h dans un air à 15° (quand la chaleur varie, la vitesse varie). Le passage du mur du son est accompagné d’un bruit d’explosion (bang supersonique) qui se manifeste aussi longtemps qu’on est à vitesse supersonique. Donc contrairement à une idée reçue le « bang supersonique » ne signifie pas qu’un avion a passé le mur du son mais qu’il évolue plus vite que cette vitesse. Le bruit accompagne donc l’avion tant qu’il est à vitesse supersonique mais pour quelqu’un qui, au sol, entendrait ce bruit, l’avion s’éloigne tellement vite qu’on a l’impression d’un bruit soudain et unique.

L’origine du terme « mur du son » vient de l’idée selon laquelle il s’agissait d’une limite infranchissable. Lorsque, pendant la seconde guerre mondiale, les premiers pilotes ont commencé à s’en approcher ils ont remarqué des phénomènes tellement extrêmes sur leurs appareils qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’une limite physique qu’il ne serait pas possible de dépasser.

Le quête du mur du son

L’être humain cherchant en permanence à repousser ses limites, le fait même que le mur du son soit présenté comme une limite infranchissable a poussé ingénieurs et pilotes à trouver un moyen de le franchir.

S’il n’a pas été premier avion à passer le mur du son et, de plus, n’a pas été conçu pour cela, on peut dire que c’est le Messerschmitt Me 163 Komet qui a servi de modèle à la conquête du mur du son. Entré en service peu avant la fin de la 2nde guerre mondiale, en 1944 il a impression de par ses capacités les pilotes alliés qui se sont servis plus tard d’exemplaires capturés pour tenter de s’attaquer au mur du son. En vain. Mais c’est l’appareil qui a laissé penser que finalement l’objectif était atteignable.

Il a servi de modèle au De Havilland DH 108 Swallow qui, lui, a été conçu pour le vol transsonique. Là aussi en vain puisqu’il s’est désintégré en vol à l’approche du mur du son, entrainant la mort de son pilote, le fils de M. De Havilland lui même, Geoffrey De Havilland Junior. Un second pilote d’essai, John Derry, trouvera la mort à bord d’un second prototype.

Mais les ingénieurs américains ne sont pas démontés et ont construit un avion ayant la forme d’une balle de fusée dotée d’ailes : le Bell X1, conçu pour être largué à haute altitude par un bombardier B-29A Superfortress. Ce projet faisait partie d’un programme conjoint entre l’USAAF (United State Army Forces) et le NACA (National Advisory Comittee for Aeronotics), ancêtre de la NASA.

C’est à bord de cet appareil que Chuck Yeager sera le premier à passer le mur du son.

Bel X-1

Chuck Yeager

Ancien pilote de l’armée de l’air des USA pendant la seconde guerre mondiale où il a acquis le statut d' »As de l’Aviation » (après avoir remporté 5 victoires en combat), il reste actif après la guerre et devient successivement pilote instructeur puis pilote d’essai.

Affecté à la base d’Edwards (appelée Muroc Field) il est le premier homme à franchir le mur du son le 14 octobre 1947, à bord du Bell X-1

Pour l’anecdote, Yeager n’aurait pas du être premier homme à franchir le mur du son, ou en tout cas pas ce jour là. Victime d’un accident de cheval la veille il s’est fracturé deux cotes. Mais ne voulant pas laisser passer l’occasion ou laisser cet honneur à un autre, il a dissimulé sa blessure et a donc volé avec ce handicap.

Son exploit restera secret un certain temps : guerre froide oblige l’armée américaine sera réticente à rendre publique certaines avancées technologiques mises en œuvre sur le X-1.

Plus tard il commandera des bases américaines en Allemagne puis en France (Toul Rosières).

En 1963 il perdra le contrôle d’un Lockheed NF-104A à 33 000 m d’altitude (un avion de ligne vole aux alentours de 10 000m) et après une chute de 30 000m arrivera à s’éjecter par miracle. Il sortira de l’accident gravement brûlé.

Cela ne l’empêchera pas de prendre le commandement d’une base lors de la guerre du Vietnam et d’y effectuer de nombreuses missions victorieuses (127)

Il prendra sa retraite en 1975, restera une référence souvent consultée dans le monde de l’aéronautique (notamment lors de l’explosion de navette spatiale) et s’éteindra en 2020 à 97 ans.

La controverse

Si Yeager a été le premier à « officiellement » passer le mur du son, il se pourrait que d’autres l’aient fait avant lui.

De manière involontaire un pilote allemand a bloqué le compteur de vitesse de son Messerschmitt à 1 100 km/h après un piqué le plus de 10 000m. On ne sait donc pas s’il a été plus loin ou pas.

Il se dit aussi que des bang supersoniques ont été entendus lors des essais du F-86 Sabre ce qui accréditerait l’idée d’un passage du mur du son mais rien n’a été officialisé.

L’héritage de Chuck Yeager

Si aujourd’hui seuls des avions militaires volent au delà du mur du son, l’aviation commerciale n’aurait jamais connu le Concorde sans son exploit, en attendant peut être de revoir des vols commerciaux supersoniques dans les années qui viennent grâce à l’Overture de Boom Supersonic.

L’épisode de la quête du mur du son sera immortalisée dans le livre « l’Etoffe des Héros » et le film éponyme.

C’est également un 14 octobre mais en 2012 que Felix Baumgartner passera le mur du son mais, lui, en chute libre, après avoir sauté d’une altitude de  36 529m.

Pour fini il faudra attendre 1953 pour qu’une femme passe le mur du son : il s’agit de Jacqueline Cochran.

Photo : bell X-1 de Chuck Yeager de  crbellette via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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