Le 7 décembre 1936 : disparition de Jean Mermoz

C’est un 7 décembre, en 1936, que nous a quitté une icone du monde le l’aviation : Jean Mermoz. Il fait partie des pionniers qui ont rendu possible le monde de l’aérien tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Des début de pilote compliqués

Si aujourd’hui le nom de Mermoz incarne dans l’inconscient collectif les exploits d’un pilote d’exception, ses premiers pas en tant que pilote ont été tout sauf simples.

Lorsqu’il intègre l’Ecole Militaire d’Istres il subit tout d’abord les brimades des instructeurs qui font tout pour décourager les jeunes engagés de vouloir voler afin de tester leur volonté.

Ensuite il est confronté au faible nombre d’appareils et leur état de maintenance déplorable qui fait que beaucoup de pilotes trouvaient la mort à l’entrainement. Il attendra près de trois mois avant de pouvoir monter dans un avion.

Lorsqu’il passe son brevet son moteur cale au décollage. Il s’écrase dans les arbres et en ressort avec une jambe cassée et la mâchoire fracturée.

Lors d’une seconde tentative son avion se retournera à l’atterrissage.

Ca n’est que lors de sa 3e tentative qu’il obtiendra son brevet en 1921.

Une relation compliquée avec l’armée

Téméraire, Mermoz s’est toujours porté volontaire pour les missions les plus périlleuses.

En Syrie il devra a plusieurs reprises se poser dans le désert et parfois marcher de longues journées en territoire hostile et sans vivres pour retrouver sa base.

Mais, forte tête, il développera au fil du temps un dégout prononcé pour la chose militaire et sera démobilisé en 1924 après une carrière militaire finalement assez brève.

L’aéropostale

Après une période de vaches maigres il rejoindra, comme beaucoup d’anciens militaires, l’Aeropostale compagnie aérienne française consacrée au service postal mais aussi au transport de passagers transatlantique.

Encore une fois Mermoz fait du Mermoz. Lors de son examen de pilotage et alors que les instructeurs attendent de leurs pilotes une grande rigueur vu les missions qui seront les leurs, il veut impressionner et se livre à une manoeuvre d’acroabatie qui lui vaudra presque d’être renvoyé. Il ne devra son salut qu’à un talent réel mais on lui fera comprendre qu’il devrait le canaliser et se discipliner. Le directeur, l’ancien pilote Didier Daurat lui dira : « J’ai besoin de pilotes, pas d’acrobates de cirque ! ».

C’est alors que commence la légende Mermoz au fur et à mesure que ses exploits se multiplient.

En 1925 alors qu’il opère sur la liaison Casablanca Dakar il doit se poser dans une région aux mains de rebelles en raison d’une panne moteur. Il se laissera capturer au bout de plusieurs jours pour ne pas mourir déshydraté (et non sans avoir bu le liquide du radiateur de l’avion). Il sera libéré contre une rançon.

Soufrant d’un ulcère à l’estomac après sa marche dans le désert ainsi que des sévices subis pendant ses 3 jours de captivité beaucoup pensent qu’il ne revolera jamais. C’est mal le connaitre : il revolera 3 mois plus tard.

Il continuera ensuite d‘accumuler les exploits, une fois évitant une nouvelle fois d’être capturé après avoir dû se poser en territoire hostile suit à une panne, une fois participant à des opérations de secours pour retrouver un autre équipage.

En 1927 il fait partie de l’équipage qui inaugure la ligne reliant Toulouse à Saint-Louis au Sénégal. Leur projet secret était de continuer à travers de l’Atlantique mais une casse matérielle à l’atterrissage mettra un terme à leur initiative. Mais pour un temps seulement.

En 1927 toujours ils est envoyé à Rio pour étudier l’ouverture de nouvelles routes en Amérique du Sud. Et là encore ses premiers faits d’armes ne se feront pas attendre.

Contraint de se poser en catastrophe dans la Cordillère des Andes il mettra trois jours à réparer l’appareil avec ses collègues et arrivera à le faire redécoller en le précipitant dans un précipice.

On finit par le rappeler en France pour développer les premières routes au dessus de l’Atlantique Sud entre Dakar et l’Amérique du Sud.

Le 13 mai 1930 il reliera Saint Louis (Sénégal) à Natal (Brésil) en un peu plus de 21h, prouvant qu’il était possible de transporter le courier directement en avion ! Le vol retour sera moins heureux car il sera contraint de se poser en mer et l’avion sera perdu.

Plus tard il survivra par miracle à un accident lors du test d’un nouvel appareil. La trappe d’évacuation n’étant pas assez large pour ses épaules il ne devra son salut qu’à…la désintégration de l’avion qui lui permettra d’en sortir. Son parachute endommagé ralentira à peine sa chute et il s’en sortira par miracle sans blessures. Il venait juste de se marier.

Il multipliera ensuite les ouvertures de lignes et les records mais ça n’est qu’en 1933 qu’il revolera au dessus de l’Atlantique Sud. Il reliera Paris (Le Bourget) à Buenos Aires en 10 jours. Entre temps l’Aeropostale a été rachetée par Air France.

Air France reste très attachée aux hydravions alors que Mermoz ne jure que par les avions traditionnels. La disparition de l’un de ses meilleurs amis à bord d’un hydravion ne fera qu’accentuer la brouille entre Mermoz et Air France ainsi qu’avec les pouvoirs publics.

Au final il aura effectué 23 traversées de l’Atlantique Sud entre 1930 et 1936.

La disparition de La Croix du Sud

Le 7 décembre 1936 Mermoz décolle de Dakar à bord de l’hydravion la Croix du Sud avec quatre membres d’équipage à destination de Natal. Quelques heures plus tôt il avait reçu une réparation de fortune suite à une avarie sur un moteur consécutive à un premier départ quelques heures plus tôt, avarie qui avait obligé l’appareil à rapidement revenir à Dakar.

Il est 6h43.

A 10h43 le radio envoie le message suivant : « Coupons moteur arrière droit » sans plus de détail.

Les coordonnées de l’avion sont 11°08 Nord, 22°40 Ouest. Environ 800km des côtes du Sénégal.

C’est le dernier message que l’on recevra. Plus personne ne reverra jamais La Croix du Sud, ni Mermoz, ni son équipage.

La France et, au delà, la communauté des pilotes à travers le monde, sont sous le choc. Personne n’arrive à croire que Mermoz est disparu et pendant de longues journées on continuera à espérer un miracle. Mermoz avait si souvent défié la mort et s’était si souvent sorti de situations impossibles qu’on le croyait immortel.

Une rumeur laissera croire que l’épave voire Mermoz lui même auraient été retrouvés au large du Brésil mais il n’en est rien.

L’hypothèse retenue pour expliquer l’accident est que suite à un problème au moteur l’hélice se serait détachée et sectionné tous les cables permettant de diriger l’avion. Une avarie directement liée à la réparation effectuée le matin sur le moteur. Il se dit que seule la chance avait évité une issue fatale lors de ce premier incident.

Il se dit aussi que ce problème était récurrent sur ce modèle d’avion (un Latécoère 300) sans que cela n’ait remis en cause la carrière de l’appareil. Il aurait été finalement décidé d’arrêter de l’utiliser juste avant cet accident fatal mais quelqu’un chez Air France l’aurait imposé une dernière fois à Mermoz pour cette traversée.

Pour nous, habitués des avions de ligne modernes, il faut réaliser qu’à l’époque ils volaient à 200m d’altitude au dessus des vagues et à 170km/h. En cas de problème la marge de sécurité était quasi nulle. C’est ce qui explique qu’un seul message ait été envoyé : entre la panne et le crash c’est une affaire de quelques secondes seulement.

Les funérailles de Mermoz auront lieu le 30 décembre 1936 au Invalides.

L’hommage de St Exupery

Mermoz avait un sacré caractère et s’il a gagné le respect de tous par son courage, ses qualités de pilote et son charisme, il ne s’est pas toujours fait que des amis. Au nombre d’entre eux, un vrai frère d’armes, Antoine de St Exupery avec qui se nouera une amitié immédiate et totale.

St Exupery dira de lui : « Il ne décollait pas, Mermoz, il se délivrait de la boue« .

Il écrira plus tard dans une tribune :

 « Pardonnes-moi Jean Mermoz. On me l’a demandé cet article, mais comment l’écrirai-je ? J’ignore si tu as sombré ou si dans dans ton canot collé à l’océan comme un insecte à la glu d’une plante carnivore, tu ne peux plus t’en dépêtrer… Ah, Jean ! Pardonne-moi, je ne puis encore te croire parfait, de la perfection des morts. Une fois de plus, tu vas ressusciter. Dix ans que tu ressuscites« 

Après de tels mots il n’y a plus rien à ajouter.

St Exupery disparaitra en vol en 1944, mais c’est une autre histoire.

Anecdotes sur Jean Mermoz

Le choix de devenir pilote n’est pas vraiment une vocation au départ pour Mermoz. Lorsqu’il s’est engagé dans l’armée il a choisi l’armée de l’air sur les conseils d’un chanteur d’opérette ami de sa mère : Max Delty.

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
1,324FansJ'aime
930SuiveursSuivre
9SuiveursSuivre
1,272SuiveursSuivre
351AbonnésS'abonner

Articles populaires

Articles récents