Le début d’année 2020 constitue décidément une révolution dans l’expérience client Air France, et plus particulièrement sur le segment Caraïbes – Océan Indien (COI). En parallèle de l’inauguration du nouveau salon Business de Orly Hall 3, le 15 janvier 2020, c’est une version profondément repensée du Boeing 777-300ER qui s’envolera pour les destinations du réseau COI, à commencer par Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, puis Saint-Denis-de-la-Réunion à l’été 2020.
Il faut dire que les appareils ayant desservi jusqu’alors les destinations du réseau COI (composé en majeure partie de destinations situées dans les territoires ultramarins, et quelques autres comme Bangkok et Miami) étaient souvent décriés pour leur manque de confort. En Business notamment, les sièges NEV4 en configuration 2-3-2 étaient souvent proposés au prix fort, au vu de la faible capacité de la cabine (14 sièges).
Air France semble avoir écouté ses clients et fait du confort sur le réseau COI un élément prioritaire de son grand chantier de refonte de l’expérience client. TravelGuys a été invité à découvrir les nouvelles cabines en exclusivité avec la Directrice Générale d’Air France, Anne Rigail.
Nous nous engageons dans la passerelle, aux côtés d’Anne Rigail, et nous serons accueillis royalement par l’équipage de présentation en place, très fiers de leur nouvel outil de travail.
En Business, des évolutions très attendues
Nous commençons la visite par la cabine Business. Celle ci est équipée de 14 sièges uniquement, ne représentant donc pas d’augmentation de capacité par rapport à l’ancienne version. Néanmoins, le bond en terme de confort, que nous allons vous détailler, est énorme.
Le modèle de siège retenu est l’Optima du constructeur Safran, qui équipe aussi les récents Airbus A350-900. La configuration est ainsi 1-2-1, et le siège exhibe une caractéristique Full Flat, Full Access et Full Privacy, rapprochant donc Air France encore plus du standard de confort en classe Affaires de 2020.
La cabine est dispersée sur 4 rangées. La rangée 4 n’est en revanche présente que sur les côtés de l’appareil, comme l’illustre le plan cabine ci-dessous.
La première impression visuelle de la cabine est très bonne, et le cliché suivant permet de relever l’élégant mood lighting mis en place en même temps que le nouveau modèle de siège.
L’armement cabine n’évolue pas sur cette version en quantité par rapport aux reste de l’offre Business chez Air France, à savoir un oreiller, une couverture, une paire de pantoufles et une paire de chaussettes. Cependant, un investissement a été réalisé sur l’ergonomie des oreillers afin d’améliorer le sommeil des clients à bord.
Voici désormais une vue du couple de siège central. Deux possibilités existent : les rangs 1 (E et G) et 3 (E et G) sont idéaux pour des personnes voulant voyager ensemble : les sièges sont très rapprochés comparé à la rangée 2 (D et H). Et si deux personnes étrangères l’une à l’autre viendraient à voyager aux sièges milieu des rangées 1 et 3, une cloison électrique, que l’on ouvre et ferme en appuyant sur un bouton, instaure facilement une séparation les deux sièges. En rangée 2, une cloison, coulissante cette fois ci, sépare l’espace (naturellement d’office plus restreint) entre les deux sièges.
Sur le cliché suivant, nous voyons une chef de produit appuyer sur le bouton servant à monter ou descendre la cloison électrique en rangée 1.
Sur le côté de la coque du siège se trouve un petit tableau de commande, donnant accès à une liseuse de proximité, un bouton activant une liseuse située en contrehaut du siège, un bouton « ne pas déranger » (activant une diode située à l’extérieur du siège) et le bouton d’appel de l’équipage.
Sur la console se trouve aussi un module de rangement, comportant le casque audio et un miroir.
Le système de divertissement est lui aussi issu de Safran Aerosystems. Pour y accéder, les clients disposent d’un écran 18,5 pouces à haute définition.
Le siège s’incline bien évidemment à 180 degrés.
Venons en à la table, qui, pour être déployée, doit être tirée depuis la coque du siège située en face, et plus particulièrement en dessous de l’IFE. Fini les torticolis et les coups de coude malheureux pour tirer la table depuis le côté du siège !
Ce système, couplé à une grande amplitude de mouvement permet notamment au client de facilement se dégager du siège même en ayant sa table déployée. Celle-ci offre toutefois une surface optimale.
Les détails n’ont pas été oubliés et Air France semble s’être intéressée à jouer sur son image de marque. Il est à noter que malheureusement, aucun bar n’a été prévu dans l’aménagement cabine pour l’expérience passagers.
En Premium Economy, on reste au siège coque
Changement de stratégie en Premium Economy par rapport à l’A350. Cette classe pivot dans le monde de l’aérien, permettant de capter un marché sensible au prix sans vouloir tomber au niveau de la classe économique, fait l’objet de nombreux débats quand à son aménagement cabine.
Air France n’a pas échappé à la question « siège coque » ou « siège type recliner » pour l’aménagement de ses B777-300ER reconfigurés à destination du marché COI : elle a finalement équipé les 28 sièges de son nouvel appareil avec un siège coque, et plus précisément pour le modèle « Airgo FX » de Safran Seats, du même acabit que celui présent sur le Boeing 787 et les nouveaux Airbus A330 de la compagnie.
La morphologie du siège n’a pas fondamentalement changé, avec des appuis-tête et repose-pieds ajustables. Le siège contient également une prise électrique universelle et deux ports USB (une sous l’accoudoir et une sous l’écran personnel), permettant donc de recharger deux téléphones en même temps.
La cabine est répartie sur 4 rangées en configuration 2-4-2.
Le bloc central est « divisé » en deux, laissant légèrement plus d’espace entre les deux blocs de deux sièges.
Le siège s’incline à 130 degrés.
Un aménagement très appréciable : aux rangs « bulkhead » (devant la cloison) les écrans personnels (d’une largeur de 13,3 pouces) sont intégrés directement dans la cloison et non plus dans l’accoudoir du siège comme auparavant. Cela permet de ne pas avoir à se briser une côte à essayer de le soulever après le décollage !
Attention à la rangée 8 qui ne propose pas de hublot !
En Economy, une cabine toujours dense mais revue
La cabine Economy, quand à elle, est dispersée sur 3 cabines et comporte 430 sièges, avec un aménagement en 3-4-3. Une configuration toujours très dense pour ces destinations très axées « loisirs », mais au visuel peut être plus harmonieux.
L’écran personnel a une largeur de 11,6 pouces.
Le siège s’incline à 118 degrés et possède une largeur d’assise de 43 cm (16,9 pouces) ce qui est égal à ce qu’offre, par exemple, Qatar Airways sur leurs B777-300ER (17 pouces)
On retrouve la même touche d’aménagement qu’en Premium Economy avec l’intégration de l’IFE à la paroi aux sièges bulkhead.
Les rangées 54, 55 et 56 à l’arrière de l’appareil exhibent des blocs de sièges latéraux de 2 plutôt que 3 sièges, dû au rétrécissement du fuselage de l’appareil. Cette spécificité leur vaut d’être vendus comme « Sièges Duos » par Air France à la réservation du vol (le tarif varie en fonction de la durée de vol, mais est toujours gratuit pour les membres Flying Blue Platinum, Club 2000 et Ultimate)
Conclusion
Nous ne pouvons que saluer le fait qu’Air France aie choisi de revoir profondément sa copie pour ses clients Caraïbes – Océan Indien. Il faut maintenant se demander si la lignée d’investissements destinés à cette clientèle (suppression du protocole COI en classe Affaires et retour du champagne en classe Economique, nouvelles cabines de voyage, nouveau salon à Orly Hall 3) se poursuivra sur le long terme.
Air France reste en concurrence frontale avec des compagnies comme Air Caraïbes et Corsair sur les DOM-TOM. Cette dernière, offrant un produit Premium dont le rapport qualité-prix est très agressif, devra être mise en porte à faux par la nouvelle offre Air France. La bataille des DOM-TOM ne fait que commencer et se jouera vraisemblablement sur tous les fronts, sur lesquels Air France devra nécessairement percer pour progresser en parts de marché.