Londres Heathrow et Roissy Charles de Gaulle sont les deux premiers aéroports européens avec respectivement 77 et 69 millions de passagers en 2017. Mais alors qu’on croyait Roissy prêt à dépasser son concurrent anglais, Heathrow n’a pas dit son dernier mot.
Un terminal pour Roissy, une piste pour Heathrow
La limite de la croissance pour chaque aéroport ne tient en effet pas aux mêmes facteurs. Roissy dispose en effet de 4 pistes et Heathrow de 2 seulement, ce qui rend d’ailleurs la performance de l’aéroport londonien assez exceptionnelle.
Pour croitre Roissy avait donc besoin d’un terminal de plus et Heathrow d’une piste de plus. Sachant que cela fait 70 ans qu’aucune piste n’avait été construite à Heathrow et que les riverains veillent au grain beaucoup tenaient pour acquis que l’aéroport avait atteint les limites de son potentiel. A l’inverse il y a encore beaucoup de place à Roissy et l’annonce de la construction pour 2025 d’un 4e terminal portant la capacité de l’aéroport à 120 millions de passagers semblait régler définitivement la question de l’hégémonie aéroportuaire européenne.
Mais, contre toute attente, le gouvernement britannique vient de donner son accord à la construction d’une 3e piste (accord soumis à un vote par le parlement). Avec cette 3e piste, Heathrow pourrait accueillir 135 millions de passagers par an.
Des enjeux différents pour les compagnies nationales
L’évolution de la capacité d’un aéroport majeur n’est pas neutre par rapport à la compagnie aérienne qui y a sa base principale. A savoir British Airways à Londres et Air France à Paris.
Heathrow étant saturé, l’augmentation de sa capacité va bien sur profiter à British Airways mais surtout à ses concurrents, notamment du Golfe, la compagnie anglaise ne pouvant plus verrouiller l’aéroport comme elle le faisait avant?
Son de cloche différent à Paris, déjà largement accessible aux concurrents d’Air France où le principal sujet d’inquiétude serait plutôt la capacité d’Air France à générer une croissance du trafic, point sur lequel le contexte actuel permet d’alimenter des doutes légitimes.
C’est en tout cas la dernière carte dans la manche des deux aéroports. Vers 2050 ils seront tous les deux saturés dans leur nouvelle configuration et la croissance du trafic bénéficiera à des aéroports tiers, souvent en province.
Crédit Photo : Roissy CDG De EQRo via Shutterstock