Pourquoi y-a-t’il une spirale dessinée sur les moteurs d’avion ?

Il nous arrive de répondre aux questions de nos lecteurs mais celle-ci vient…d’un voisin de siège. L’autre jour alors que je m’apprête à embarquer je vois un petit garçon pointer un avion du doigt au travers de la baie vitrée et demander à son père « Papa papa pourquoi y’a un truc peint au milieu du moteur ».

Le « truc » en question est la spirale que vous verrez peinte sur le cône au centre des turboréacteurs.

Et là je sens le père un peu gêné bafouiller et dire… »Ca doit être pour effrayer les oiseaux pour qu’ils ne se jettent pas dans le moteur ».

Une réponse qui a satisfait le petit garçon. Fin de l’histoire.

Toutefois si on m’avait posé la question, alors que je n’ai jamais creusé le sujet spécifiquement, ça n’est pas la réponse que j’aurais instinctivement donnée.

Oui le papa avait raison, mais en partie seulement. Faisons un peu le point.

Pour assurer la sécurité du personnel sur les pistes

La raison d’être première de cette spirale est de montrer au personnel au sol que le moteur de l’avion tourne. Si la spirale est visible c’est que le moteur est à l’arrêt, si on la voit en mouvement il tourne à faible vitesse, si on ne la voit plus il tourne à haute vitesse.

Il faut savoir que même au ralenti un moteur d’avion peut aspirer une personne qui se tiendrait trop près. Raison pour laquelle une distance de sécurité est imposée au personnel qui travaille autour des appareils et pour laquelle, également, un « cordon de sécurité » est déployé autour des moteurs lorsque les passagers débarquent directement sur le tarmac.

Par exemple les personnes qui travaillent sur le tarmac, près d’un moteur de Boeing 737 fonctionnant au ralenti, doivent respecter une distance de trois mètres minimum à l’avant et sur les côtés de celui-ci pour ne pas se faire happer. Quand le moteur est poussé au maximum, la zone de danger passe à plus de cinq mètres, voire plus en fonction du type d’avion.

Mais un moteur qui tourne cela s’entend non ? Et bien pas forcément. Déjà parce qu’il arrive que le personnel porte des casques anti-bruits. Ensuite parce qu’un aéroport est souvent très bruyant avec plusieurs appareils alignés les uns à côté des autres. A ce moment savoir quel est appareil dont le moteur tourne peut être assez compliqué.

Mais le dispositif n’est pas exempt de reproches. Par exemple, de nuit, si la fréquence de l’éclairage est la même que celle de la rotation des moteurs alors la spirale peut sembler immobile alors qu’elle tourne. Un cas plus qu’improbable mais techniquement possible. Mais sachez que dans les ateliers mécaniques on doit toujours utiliser les lampes au fluor par paire de deux : une seule pourrait, toujours pour cette question de fréquence, faire croire qu’une scie ou une fraiseuse ne tourne pas alors qu’elle est en marche. Tout cela à cause de l’effet stroboscopique de la lampe.

Pour protéger les oiseaux

Et oui ! Papa avait raison. La spirale sert également à éloigner les oiseaux ! Enfin en théorie.

Le « risque aviaire » est pris très au sérieux dans l’industrie : l’aspiration d’un oiseau par un moteur peut avoir des conséquences dramatiques.

Mais l’impact des fameuses spirales sur le risque aviaire n’a l’air d’être que statistique. On note qu’il y a moins d’accidents depuis la mise en œuvre des spirales mais sans qu’on sache si elles en sont la cause où si c’est juste un hasard.

Il paraitrait que voir la spirale tourner à toute vitesse effraierait l’oiseau qui changerait ainsi de trajectoire. Encore faut il pour cela qu’il distingue la spirale à cette vitesse…et je ne connais pas assez les capacités visuelles des volatiles comparées à celles des êtres humains pour me prononcer. D’ailleurs de nombreux scientifiques sont sceptiques, attribuant plutôt cette peur au bruit.

Conclusion

La véritable utilité de la spirale est de protéger les gens au sol. D’ailleurs les motoristes d’avions, lorsque la question leur est posée, n’évoquent jamais la question des oiseaux.

Image : moteur d’avion de Artistic Ahry via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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