Depuis quelques mois, les grèves se multiplient chez Lufthansa. Pilotes et personnel au sol revendiquent leurs droits par la force, à l’instar de leurs voisins français. Mais pourquoi n’en parle-t-on pas ? Que demandent-ils et pourquoi se mettent-ils en grêve, chose qui n’est pas dans la culture allemande ?
Quelques clés pour comprendre les mouvements et leurs impacts sur la clientèle.
Un personnel au sol décimé par l’externalisation rampante des escales
Le Business Model de Lufthansa est en train de se transformer, tout autant que celui de ses concurrentes européennes. Aussi, cette transformation du Business Model a eu plusieurs conséquences :
- L’abandon progressif du hub de Dusseldorf, au profit des deux autres, Munich et Francfort,
- La concentration des opérations de la marque Lufthansa sur le long courrier et sur l’alimentation de ses deux hubs,
- La création de deux marques, Germanwings et Eurowings, exploitant les vols point à point court- et moyen-courrier
Si cette transformation touche directement le personnel navigant de Lufthansa, dont une partie a du, par exemple, transférer chez Germanwings ou Eurowings, elle touche également le personnel au sol, qui doit également réduire ses coûts d’opération. Aussi, sur les escales européennes, la nécessité de maintenir du personnel en propre est toute relative.
Le groupe Lufthansa a donc décider d’externaliser les opérations de handling dans la plupart des escales européennes comme à Paris Charles-de-Gaulle.
Aussi, cette décision a provoqué 3 jours de grève dure fin 2013, tous les vols à Paris Charles-de-Gaulle étant annulés.
Des pilotes qui chipotent sur leur pré-retraite
Le 18 mars dernier, les pilotes de Lufthansa ont observé leur 12ème jour de grève en un an.
Cette grève porte sur le maintien de la possibilité pour les navigants techniques de partir en pré-retraite à 55 ans avec 60% de leur salaire, possibilité que la direction souhaite repousser à 60 ans.
Bien que très corporatiste, ce mouvement montre que le personnel ne souhaite pas se laisser faire dans la tendance lourde du low-cost en Europe, d’autant que les compagnies du Golfe proposent souvent des conditions de rémunération très attractives aux pilotes qualifiés sur les appareils bi-couloir, utilisés surtout sur les vols long-courrier.
Des clients qui subissent en silence
Etonnement, les clients de Lufthansa subissent plutôt en silence. Sur le forum FlyerTalk, assez peu de sujets, et globalement assez peu virulents.
Sans doute, le mouvement des pilotes, étalé sur plusieurs mois, est moins disruptif pour les clients, plus intelligent et pourtant tout aussi coûteux à la compagnie que celui subi par les clients d’Air France en septembre dernier.
Et vous, avez-vous été touchés par ces grèves à répétition ? Comment avez-vous trouvé des palliatifs ?