Entre ceux qui retrouvent une seconde vie et ceux qui finissent abandonnés dans un cimetière, les avions retirés du service connaissent des fortunes très diverses.
On en a beaucoup parlé pendant le COVID : un grand nombre d’avions se sont retrouvés subitement mis à la retraite, entrainant un impressionnant ballet vers des aires de stockage.
Mais ce phénomène, unique par son ampleur, qui a forcément attiré l’attention, n’a rien de rare. Des avions sont régulièrement mis à la retraite et, ce que l’on sait moins, c’est ce qu’il leur arrive par la suite.
- Quelle est la durée de vie d’un avion ?
- Pourquoi une compagnie aérienne se sépare d’une avion ?
- Le retour de l’avion à son propriétaire
- Le stockage de l’avion
- Le démantèlement de l’avion
- Le marché de l’occasion
- Usages atypiques
- Conclusion
Quelle est la durée de vie d’un avion ?
Même s’ils ont une durée de vie très longue, due au fait qu’ils doivent suivre des protocoles d’entretiens stricts et sont plusieurs fois totalement démontés et remontés au long de leur carrière, les avions finissent, comme les voitures, par devoir être retirés du service.
La durée de vie d’un avion est d’entre 20 et 30 ans en fonction d’un certain nombre de facteurs. Certains 747 ont même pris leur retraite après 35 ans de service.
Ces facteur sont le type d’appareil, ses conditions d’utilisation, la qualité de la maintenance, le contexte environnemental et météorologique dans lequel il a été exploité.
Mais le plus souvent ce sont d’autres facteurs que l’âge qui font pousser une compagnie à se séparer d’appareils pourtant totalement aptes à voler.
Pourquoi une compagnie aérienne se sépare d’une avion ?
En dehors de l’âge, dont nous avons parlé, de nombreuses raisons font qu’une compagnie se sépare d’un avion. Parmi les plus fréquentes on trouve :
L’efficacité économique : l’avion est parfaitement apte au service mais son exploitation n’est plus optimale d’un point de vue économique. Cela peut être du à l’âge ou aussi à des facteurs techniques comme on l’a vu avec les A380 pénalisés par le fait qu’ils aient 4 réacteurs.
Il arrive également qu’une compagnie sorte un modèle de sa flotte pour des raisons de rationalisation de flotte qui ont un impact sur la formation du personnel, la maintenance etc.
Les compagnies essaient dans la mesure de leurs moyens d’avoir la flotte la plus jeune possible.
Des difficultés économiques : la compagnie ne peut plus exploiter l’appareil ou alors payer ses loyers à leur propriétaire (une grande partie de la flotte mondiale est louée et n’appartient pas aux compagnies).
Un accident : après un accident l’appareil n’est pas réparable ou couterait trop cher à réparer.
Mais que leur arrive-t-il ensuite ?
Le retour de l’avion à son propriétaire
Lorsque l’avion est loué il est retourné à son propriétaire, le lessor, qui décidera de ce qui lui arrivera.
Ce qui nous amène aux cas suivant.
Le stockage de l’avion
Durant le COVID on a ainsi vu de gigantesques aires de stockage accueillant les avions dont les compagnies se séparaient. Ces zones sont en général dans des zones sèches et désertiques afin de préserver l’avion des intempéries, de la corrosion etc.
Ce stockage peut être temporaire ou définitif.
Temporaire lorsque c’est en attendant de lui trouver un nouvel usage, un acquéreur, ou de le réintégrer dans la flotte lorsque le contexte économique sera meilleur. Ca a été le cas de beaucoup d’appareils « mis en pause » pendant le COVID en attendant de les faire voler.
Certains appareils peuvent ainsi rester parqués pendant de longues années.
Définitif lorsque c’est dans l’attente de le démanteler.
Le démantèlement de l’avion
C’est le démontage total de l’avion, sa destruction.
Si ses pièces ont une valeur sur le marché de l’occasion il sera méticuleusement démonté pour revendre tout ce qui est vendable. Et en raison de la fluctuation du prix des pièces d’occasion cela peut encore prendre des années pendant lesquels on gardera l’avion garé au soleil.
Le fuselage est lui revendu à la valeur du métal.
Selon l’IATA ces sont 16 000 appareils qui ont ainsi été définitivement retirés du service dans les 35 dernières années et 700 arrivent en fin de carrière chaque année.
Le marché de l’occasion
Si les compagnies aiment avoir des flottes neuves, toutes ne peuvent pas se le permettre. Et parfois des difficultés économiques font qu’elles se séparent d’avion neufs. Il existe donc un marché de l’occasion.
Il est principalement composé de :
• jeunes compagnies qui n’ont pas les moyens d’acheter du neuf ou veulent croitre plus vite que les délais de livraison des appareils neufs ne le permettent.
• des compagnies désargentées, souvent dans des pays pauvres ou en voie de développement, qui sont heureuses de récupérer à bas prix un appareil de 20 ans que les autres ne veulent plus exploiter. Malheureusement la maintenance et les contrôles deviennent moins rigoureux par la suite.
• de compagnies spécialisées dans le Wet Lease à l’affut d’appareils jeunes dont se séparent des compagnies en difficulté. Ainsi l’A330 Hifly sur lequel j’ai récemment volé vers Chicago était récent (rentré en service en 2017) et avait appartenu précédemment à South African Airways.
Usages atypiques
D’autres appareils ont une fin de vie plus atypique et plus joyeuse.
Certains modèles iconiques peuvent par exemple rejoindre des musées.
Mais d’autres peuvent connaitre un sort plus original et être transformés en bar, restaurant ou même hôtel comme ce 747 à l’aéroport de Stockholm Arlanda. Un autre 747, coulé, sert aussi de spot de plongée à Bahrein.
Conclusion
La durée de vie d’un avion est longue, jusqu’à 30 ans et ils peuvent connaitre plusieurs vie avant leur démantèlement. Certains continuent même à servir ensuite.
Image : cimetière d’avion de Faysal06, Hotel 747 à Arlanda de EQRoy via Shutterstock