Pendant longtemps le duty free a signifié « faire de bonnes affaires lorsqu’on voyage ». Mais le modèle serait en bout de course.
Celle là on ne l’avait pas vu venir. On a vu comment internet et le e-commerce ont changé les modes de consommation, obligeant les acteurs traditionnels se réinventer pour faire face à la concurrence des pure players.
Le e-commerce a tué le Duty Free
Mais il semble que la culture de la promotion permanente qu’ont créé les pure players du commerce en ligne soit en train d’avoir la peau du Duty Free.
KLM a en effet décidé d’abandonner la vente d’articles en vol dès juillet 2019 pour les vols européens et janvier 2020 sur les vols intercontinentaux. L’argument de la compagnie rejoint ce qui écrit plus haut : dans un monde où le passager peut trouver des bonnes affaires n’importe où n’importe quand et où la livraison rapide n’est plus un problème, le modèle duty free tel qu’il existe aujourd’hui a de moins en moins de sens.
Le duty free en vol ne propose en effet qu’une gamme et une disponibilité limitée avec des prix pas nécessairement plus avantageux que ce qu’on trouve sur le web. Si on met en face de cela le poids du stock (donc le coût carburant) et le montant des ventes il semble bien que le pragmatisme néérlandais ait encore parlé.
Rien de surprenant : en octobre 2018 l’Observatoire des comportements de consommation avait montré que pour les consommateurs la « promo permanente » était bien ancrée dans leur tête et que les moments de promotions traditionnels comme les soldes ne présentaient plus d’intérêt pour eux. Et visiblement le duty en vol a rejoint les soldes dans ces moments symboliques mais inutiles.
Amazon partenaire des compagnies aériennes ?
Maintenant cela pose une autre question ? Quid du Duty Free en aéroport ? On peut penser qu’il a encore de beaux jours devant lui, proposant une occupation à une clientèle captive et désœuvrée. Mais le passager qui tue le temps dans un aéroport aime faire le tour des boutiques, achète-t-il pour autant ? Nul doute que ce modèle devra se réinventer à terme également.
En attendant KLM dit réfléchir à un autre modèle pour offrir un commerce de détail personnalisé et avec un choix illimité à bord. Là on peut tout imaginer mais en termes de disruption il serait drôle de voir des compagnies aériennes pour qui le retail était un job périphérique devenir des retailers à part entière soit en offrant la possibilité de commander à bord pour une livraison chez soi ou à destination soit, à l’inverse, en devenant le point de « collecte » d’un retailer en ligne.
Pas sûr que demain on ne voit pas des compagnies aériennes monter des partenariats avec Amazon.
Photo : Duty Free De Oliver Hoffmann via Shutterstock