Uber veut devenir la « Super App » du voyage

Uber a annoncé avoir l’ambition d’intégrer la vente d’autres services de mobilité comme l’achat de billets de train, d’avion ou la location de voitures, devenant ainsi une « Super App » pour les voyageurs.

Uber n’est toujours pas rentable

Pour revenir au cœur du sujet et malgré tous ses efforts, Uber n’est toujours pas rentable. L’application originellement dédiée à la mise en relation entre chauffeurs et clients a encore annoncé une perte de $500 millions l’an dernier et la patience des actionnaires a ses limites.

Uber vivant des commissions prélevées sur la mise en relation entre clients et professionnels, deux possibilités s’offrent l’entreprise pour améliorer sa situation :

  • Augmenter les commissions au risque de s’attirer l’ire des professionnels voire des clients
  • Augmenter l’assiette de son revenu en multipliant les services

C’est la seconde option qui semble être retenue et c’est logique : Uber n’est pas une application de VTC mais de mobilité. A partir de ce moment toute activité qui suppose le transport de quelque chose ou quelqu’un peut rentrer dans son périmètre. C’est d’ailleurs la voie ouverte par Uber Eats.

Un mouvement d’autant plus logique que le CEO d’Uber, Dara Khosrowshahi, est l’ancien CEO d’Expedia. Il connait donc son sujet.

Qu’est-ce qu’une Super App ?

Uber ambitionne donc de devenir une Super App de la mobilité, mais qu’est-ce que qu’une Super App ? Une Super App n’est ni plus ni moins qu’un « one stop shop » dédié à un secteur, l’endroit où vous pouvez trouver tous les prestataires nécessaires pour mobilise l’ensemble des prestataires liés à une activité.

Dans le cas de la mobilité cela signifierait, en effet, proposer des chauffeurs, billets de train et d’avion, hôtels, locations de voiture mais pourquoi pas également du AirBnB, réservations de restaurants voire la réservation d’activités comme des visites, musées etc.

Uber n’a rien inventé

Un mouvement d’autant plus logique pour Uber qu’il n’est pas besoin de se triturer tellement les méninges pour arriver à cette conclusion : d’autres l’ont déjà fait.

C’est la logique qu’a suivi Grab en Asie. C’est aussi celle suivie par des compagnies aériennes comme Air Asia voire Singapore Airlines.

Que l’idée soir d’augmenter l’assiette de revenu ou d’améliorer l’expérience client en proposant un écosystèle intégré, tous les chemins mènent à Rome.

Uber a-t-il une chance de réussir ?

Contrairement à ce que beaucoup pensent, disrupter un marché ne fonctionne pas à tous les coups, même quand on est un leader du secteur, même quand on s’appelle Uber.

Beaucoup d’acteurs qui ont désiré sortir de leur verticale originale ont connu des échecs cuisants.

Prenons l’exemple de Grab (qui a repris d’ailleurs les activités déficitaires de Uber en Asie) : si le côté « one stop shop » de la mobilité a fonctionné, la vente de prestation hôtelières a été un échec.

Souvenez vous d’Amazon qui a voulu se lancer dans la vente de nuits d’hôtel. Echec et opération abandonnée au bout d’un an.

Seule Air Asia semble tirer son épingle du jeu mais sur un marché très spécifique qui est le marché asiatique. Rien ne dit que la même approche peut être répliquée en Amérique du Nord ou en Europe.

Ajoutons que pour ce qui concerne le train, le domaine sûrement le plus prometteur pour Uber en tout cas en Europe, c’est un secteur qui va impliquer des négociations pays par pays, ce qui est loin d’être gagné. Et ce d’autant plus qu’en Europe un acteur comme Trainline a déjà un coup d’avance.

Conclusion

Uber se cherche des sources de revenus et veut augmenter le nombre de services de mobilité proposés. Mais rien ne dit que cette fuite en avant soit couronnée de succès. On regardera avec intérêt ce qui va se passer au Royaume-Uni, premier pays visiblement prêt à déployer cette stratégie.

Image : Uber de Proxima Studio via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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