Conformément à de nouvelles obligations écologiques mises en place par la France, Air France KLM va utiliser des biocarburants dans ses avions. Cela se traduira par une surcharge tarifaire pour ses clients.
Une nouvelle obligation écologique
Traduisant les objectifs environnementaux européens, la France a instauré au 1er janvier l‘obligation d’utiliser 1% de carburant durable (SAF pour Sustainable Aviation Fuel) au départ des aéroports français.
La loi prévoit que cette obligation passe à 2% en 2025 et 5% en 2030 avec un objectif de 50% en 2050.
Un carburant plus vert et plus cher
Le « SAF » permet des émissions de CO2 réduites de 80% par rapport au kérosène. Une bonne raison pour opérer une transition rapide ?
Pas si évidente : son prix est entre 4 et 8 fois plus cher que celui du carburant traditionnel. Un écart qui ira en se réduisant dans le temps lorsque la filière de production sera développée et tournera à plein régime mais mais qui freine les compagnies aériennes pour qui l’impact est tout sauf neutre quant on sait le que poste carburant représente 40% de leurs coûts d’exploitation.
Au final Air France compte utiliser 15 000 tonnes de carburant durable en 2002 soit 10 fois plus qu’en 2021, des chiffres qui vont au delà de ses obligations.
Une surcharge SAF chez Air France
Afin d’amortir cette charge supplémentaire Air France a donc décidé de mettre en place une « contribution ‘Carburant Aviation Durable » 1 à 4 euros en classe économique et de 1,50 à 12 euros en classe affaires en fonction de la distance. Une pratique qui sera également valable sur KLM et Transavia. Une surcharge de plus qui viendra gréver le prix du billet.
Ceci dit une question reste en suspens : l’obligation ne concernant que les vols au départ des aéroports français, Air France utilisera-t-elle du carburant normal ou du biocarburant pour les vols de retour sur ses dessertes internationales ?
Et d’ailleurs quels vols KLM sont concernés ? Car si l’obligation ne touche que les vols aux départs de France, systématiser la taxe à tous ses vols semble un peu exagéré vu du client ou alors peut-être est-ce en prévision d’une mesure similaire aux Pays-Bas.
Les passagers Air France pourront également, à partir du 13 janvier, contribuer eux-même à l’achat de carburant SAF supplémentaire pour compenser leur empreinte carbone. Une proposition dont est curieux de voir le succès…
Et à l’étranger ?
Chaque pays est maître de la manière dont il s’aligne sur les objectifs européens de lutte contre le changement climatique. En France cela se traduit par une obligation de ce type qu’on reverra certainement dans d’autres pays. D’autres envisagent, plutôt qu’une taxe, d’adapter les taxes aéroportuaires au carburant utilisé (Suède).
On verra, par contre, comment tout cela sera répercuté sur les billets, décision qui reste du ressort des compagnies. Certains états ou certaines compagnies en meilleure (ou moins mauvaise santé) qu’Air France pourraient en profiter pour faire du dumping et ça ne serait pas la première fois que l’Etat actionnaire tire une balle dans le pied de la compagnie nationale.
Mais de la cohérence des pratiques gouvernementales dépendra une concurrence plus ou moins faussée dans le ciel européen, ce qui est un vrai sujet.
On aura certainement l’occasion d’en reparler cette année.
Conclusion
La France impose une obligation d’utiliser du carburant durable qu’Air France répercutera sur le prix des billets, chose inévitable vu les coûts engendrés et la santé de la compagnie.
C’est au niveau de la cohérence des mesures gouvernementales dans le futur qu’on jugera de l’efficacité de la mesure sur l’environnement…et la concurrence.
Image : A318 Air France de Nieuwland Photography via Shutterstock