Review : Air France La Première, Paris-Singapour, Boeing 777-300ER

A part une revue parcellaire il y a quelques années cela fait longtemps que nous n’avions pas fait une review d’un vol en classe La Première Air France, ce qui est finalement un peu injuste vu qu’elle constitue notre mètre étalon sur les First Class. (Mètre étalon ne veut pas forcément dire la meilleure, mais la référence avec laquelle on compare tout car c’est celle qu’on a connu le plus tôt et qu’on a le plus utilisé).

Plus qu’un récit de vol, voici une synthèse de mes expériences sur le Paris-Singapour sur lequel nous eu la chance de voler en classe La Première un certain nombre de fois ces dernières années.

Un parcours au sol totalement optimisé

L’expérience en cabine La Première commence au sol. C’est vrai peu importe la classe de voyage mais dans le cas présent c’est vrai à un tel point qu’en tant que client on est aussi impatient de vivre ce qui se passe au sol que ce qui va se passer en vol.

On s’enregistre donc dans une zone dédiée du terminal 2E de Roissy où l’on s’installe confortablement dans un salon.

Salon la Première

D’ailleurs une zone dédiée pour la dépose minute des passagers La Première est prévue à l’extérieur du terminal.

Enregistrement La Première

Le service y est attentionné, personnalisé.

Seul point négatif qui n’est pas propre à La Première mais à Air France en général : quand, après votre arrivée à destination vous repartez sur un vol d’une compagnie non partenaire on vous explique le plus souvent qu’il est impossible d’enregistrer votre bagage de bout en bout, ce qui est totalement faux. Il y a des procédures pour cela et une fois je suis tombé sur un agent assez débrouillard et serviable pour le faire. Sinon on préfère laisser le client se débrouiller que d’assumer un problème bagage du à une autre compagnie ce qui est un peu dommage en général (toutes les compagnies même non partenaires m’enregistrent de bout en bout même si je termine sur du Air France qui n’est pas leur partenaire) et mesquin dans ce cas particulier vu le prix du billet.

Bon au pire il suffit de mentionner au personnel d’accueil à l’arrivée à Singapour qu’on est en correspondance pour que, par magie, la valise se retrouve reroutée pendant qu’on prend une douche au salon. Mais on devrait pouvoir sécuriser cela depuis l’enregistrement !

On est escortés ensuite jusqu’au salon. Une file spécifique existe aux contrôle de police et de sécurité qui s’ouvre comme par magie lorsque le passager La Première arrive escorté d’un agent Air France.

Les formalités expédiées en 3 minutes chrono on arrive enfin au salon dédiée aux passagers La Première. Je n’en dirai pas plus car le salon Air France la Première a déjà fait l’objet d’une revue ici.

Ceci dit je ne peux totalement passer cette partie de l’expérience totalement sous silence. Pour en avoir parlé avec de nombreux passagers tout le monde reconnait unanimement que ce salon est un élément majeur de l’expérience La Première et un point essentiel de sa proposition de valeur. On peut dire sans trop de risques de se tromper qu’Air France, dans cette catégorie, propose certainement la meilleure expérience au sol au monde.

Nombreux sont ceux qui s’arrangent pour avoir la correspondance la plus longue possible pour en profiter, lorsque leur voyage ne démarre pas à Paris, et nombreux sont ceux qui partent de Paris qui arrivent de longues heures avant pour profiter de tous ses services et commencer à se couper du monde extérieur dans une bulle de tranquillité longtemps avant de décoller.

L’expérience salon se termine par un accompagnement à l’avion, le plus souvent en voiture.

Techniquement parlant, à partir du moment où on est rentré dans le salon on ne croise plus un seul passager qui ne voyage pas en Première jusqu’à l’arrivée à destination (sauf les rares cas où l’avion est assez près pour y aller à pied depuis le salon)

L’accueil en classe la Première

Peut importe qu’on arrive en voiture ou par le terminal, on est vraiment prioritaire et à CDG une passerelle n’est dédiée qu’aux passagers Première. Elle leur permet d’arriver directement au rang 1 où se trouvent leurs sièges suites et permet de faire en sorte que, les autres embarquant par l’autre passerelle aucun passager voyageant dans une autre classe ne traverse la Première à l’embarquement.

Il va sans dire que le passager est « attendu »

Très rapidement on est délesté de son manteau, on s’installe et la première boisson arrive.

Contrairement à la business on nous proposera de nous resservir en permanence jusqu’à ce que l’avion soit prêt pour le décollage

Cabine La Première Air France
Le champagne servi en classe La Première sur Air France est toujours très premium
Diner - Air France La Première

On se voit également remettre un « amenity kit » plus premium que celui de la business dont le design, le fournisseur et le contenu évolue régulièrement ainsi qu’un pyjama (ici appelé « tenue de nuit ») pour passer la nuit. On toutefois l’impression qu’au fil des années la qualité de la trousse contenant l’amenity kit tend à baisser pour se rapprocher d’un trousse business, quand bien même le contenu serait plus haut de gamme.

Cabine La Première Air France
Ancien amenity kit Givenchy
Trousse de confort La Première
Un ancien modèle d’Amenity Kit
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Ameneity kit Carita

Note personnelle : la dernière génération de pyjamas est plus confortable et réussie d’un point de vue esthétique que les anciennes et survit beaucoup mieux au passage en machine une fois rentré à la maison !

Très rapidement on voit défiler le personnel dédié à la cabine La Première qui vient se présenter et lier connaissance, puis le/la chef de cabine principal et le commandant de bord (qui lui passe plutôt pendant le vol).

La cabine La Première à bord du 777-300ER

Chez Air France seuls les A380 et certains B777-300ER disposent d’une cabine La Première. Les A380 ont encore (et à mon avis pour encore longtemps) l’ancien modèle qui a pris un vrai coup de vieux avec l’introduction des cabines dites « Best » sur les B777. Parlons donc de la cabine de ce 777.

Il n’y a qu’un rang de Première, composé de 4 suites en configuration 1-2-1.

Cabine la Première Air France
Cabine Air France La Première

Les tons sont doux et l’ambiance globale apaisante. Que ce soit sur le hard product (siège) ou le soft product (cabine) on est plus sur des expériences de type hôtelières qu’aériennes.

Il m’est arrivé d’avoir la cabine pour moi tout seul il y a de cela 2 ans…une expérience à vivre. Vraiment.

Chaque siège est une « suite » qui devient totalement privative dès lors qu’on ferme le rideau qui l’isole du reste de la cabine. Un rideau qu’on ferme pour dormir mais que certain ferment pour dîner voire pendant la totalité du vol.

Lors de la présentation de la cabine nous étions nombreux, et moi le premier, à douter de la pertinence du choix du rideau à l’heure où d’autres comme Singapour Airlines ou Garuda pour ne citer qu’eux faisaient le choix d’une cabine fermée avec une porte en « dur« . A l’usage c’est un choix que j’ai appris à apprécier.

Cabine La Première Air France
La cabine La Première rideaux ouverts
Cabine La Première Air France
Mon voisin a décidé de fermer son rideau

En effet, on le verra plus bas, le rideau est suffisamment « lourd » et rigide pour proposer une vraie séparation digne d’une cloison. Ensuite le choix du rideau a permis à Air France de proposer une chose qu’aucune autre compagnie ne propose à ma connaissance en First : une suite totalement fermée !

En effet le choix d’une cabine « en dur » rend beaucoup plus compliqué le fait de la fermer totalement vers le haut (même dans la Residence Etihad). Un argument d’autant plus facile que pour beaucoup de compagnies asiatiques ou moyen orientales il importe de pouvoir jeter un œil par dessus la cloison pour voir ce qui se passe dans la suite. Rien de cela chez Air France où le terme « full privacy » s’applique beaucoup mieux d’ailleurs.

Pour ce qui est des places du milieu il suffit de presser un bouton pour faire apparaitre une paroi qui séparera les deux sièges si les deux passagers voisins ne voyagent pas ensemble. Mais elle ne monte qu’à mi-hauteur. Je n’y serai pas à l’aise si je ne connaissais pas mon voisin.

Les rangements sont nombreux que ce soit sous l’otoman ou dans le coffre sur le coté.

Cabine La Première Air France
Cabine La Première Air France

Chaque suite dispose d’une penderie avec cintres afin d’y ranger au départ son manteau puis le reste de ses affaire une fois la tenue de nuit enfilée.

Cabine La Première Air France
Le rangement qui sert de vestiaire dans chaque « suite » de la Cabine la Première

L’écran est grand, très grand et de belle qualité.

Cabine La Première Air France

La télécommande est la même qu’en business. Elle demandera peut être un peu de temps de prise en main au client « non habitué » mais agréable à utiliser et riche fonctionnellement. J’apprécie beaucoup la fonctionnalité qui permet de regarder un film sur la télé tout en affichant la carte du vol sur la télécommande (ou l’inverse mais ça a moins de sens à mon goût).

Cabine La Première Air France

La sélection de films disponible est large mais pas infinie non plus. Suivant l’actualité des sorties on peut vite en faire le tour et on reste loin de l’offre d’Emirates par exemple.

Quant aux bouton qui permettent de manipuler le siège je salue l’effort de simplification qui a été fait. Au lieu des usines à gaz que l’on retrouve quasiment partout en business ou en première, quelques boutons très simples suffisent pour ajuster parfaitement la position du siège.

Cabine La Première Air France

Dernier détail, un peu gadget pour certains, une simple pression sur un bouton suffit pour fermer les cache-hublots. Gadget ? Quand un siège occupe 4 hublots c’est le seul moyen de les fermer sans avoir à se lever, manœuvre compliquée lorsqu’on est assis et très inconfortable lorsqu’on est allongé.

La Restauration en classe La Première

A l’instar du salon où officient les équipes d’Alain Ducasse, la prestation en vol se veut gastronomique. Chaque trimestre c’est ainsi un chef étoilé qui signe la carte de La Première au départ de Paris.

La Première se doit d’être l’incarnation de l’art de vivre à la Française donc la restauration y tient une place toute particulière.

Le menu est « riche ».

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Exemple de menu en cabine La Première

Les plats recherchés.

La carte des vins fait l’objet d’une grande attention.

Catering Air France La Première
Exemple de carte des vins en cabine La Première Air France
Catering Air France La Première
Exemple de carte des vins en cabine La Première Air France

Après vous allez penser qu’on fait les difficiles (car Olivier partage mon jugement) mais tout cela nous laisse un goût d’inachevé.

Tout d’abord les plats. Oui il y a de la recherche, des efforts monstrueux sont faits pour proposer une nourriture élaborée, ambassadrice de la cuisine française. Et pourtant…

Catering Air France La Première
Catering Air France La Première
Diner - Air France La Première
Diner - Air France La Première
Diner - Air France La Première
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A l’arrivée nous avons été rarement « éblouis » d’un point de vue gustatif. Oui c’est recherché, beau (le plus souvent), bon, fin mais… le résultat ne rend pas hommage au talent des chefs ni au travail fourni.

Quand on se veut ambassadeur de la cuisine française on part d’une base inégalable, unique au monde, à valoriser auprès du client. Mais on part avec énormément de contraintes dont le poids de l’Histoire. En un mot comme en mille, le travail et le talent ne peuvent rien contre le fait que la finesse de la gastronomie française s’exprime très mal à 33 000 pieds d’altitude.

Je n’ai pas vu une seule compagnie qui, peu importe la classe de voyage d’ailleurs, se prive du recours aux épices, chili, curry pour booster le goût d’un plat, lui permettre d’envahir votre palais, y laisser une trace. Pas Air France, tout simplement parce que ça ne fait pas partie des codes de la gastronomie française. C’est tout à l’honneur de notre belle compagnie nationale mais à la fin tout cela manque de peps. Encore une fois, jouer la carte de la finesse à une altitude où on a perdu l’essentiel de ses capacités gustatives c’est beau mais inutile. Et sauf à me prouver que Cyrano de Bergerac, à qui ont doit la tirade « c’est encore plus beau quand c’est inutile » est un client régulier de la Première…

Par comparaison avec la concurrence on trouve également que le choix d’entrées est peut être un peu restreint.

Les quantités sont également parfois un peu légères et le dressage des assiettes de qualité aléatoire.

Un petit mot sur le caviar tant qu’on y est. Sa réintroduction en Première a été une grande nouvelle largement saluée. Mais au fil du temps il est devenu un simple amuse bouche, puis une petite partie d’un amuse bouche pour ne plus devenir qu’un point de détail du menu. Oui le caviar est un marqueur des premières classes mais si c’est juste pour montrer qu’on en sert autant s’abstenir.

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Caviar servi en amuse bouche.
Diner - Air France La Première
Le caviar « dilué » dans une entrée

Pour moi c’est un mets qui mérite mieux que d’être servi en amuse bouche dans une cuiller sitôt le décollage terminé. Et avec une cuillère en plastique en plus ! Quand on voit que Lufthansa le sert quasiment à la louche en entrée…

Il nous semble par ailleurs que la carte des vins soit en légère régression ces derniers temps, observation que je me suis faite suite à un récent vol sur Lufthansa en First.

Deux autres constantes, qui ne sont pas spécifiques à La Première mais sont exacerbées dans cette cabine qui promeut l’excellence et l’art de vivre à la Française : Air France ne sait toujours pas cuir le bœuf et les viandes rouges en général et les oeufs du petit déjeuner sont indignes d’une cantine. La cuisson des plats est un problème régulière dans les classes avant chez Air France !

Ce qui nous manque dans cette carte ?

1°) Une carte de snacks chauds à demander à toute heure.

2°) Des oeufs cuisinés à la demande, au petit déjeuner ou à toute heure.

3°) Une vraie carte de thés et de cafés.

Rien de sorcier : si la concurrence sait le faire, la compagnie porte drapeau de l’excellence culinaire et d’un certain art de vivre devrait bien y arriver. D’ailleurs ce sont des choses qu’on trouve ailleurs dès la business class !

Le service en classe La Première

Comme je l’ai déjà dit, ici on est davantage sur de la prestation hôtelière qu’aérienne. Le personnel amené à officier en Première est trié sur le volet et spécialement formé à un type de service donné et à une certaine approche de la relation client.

Quand on a que quatre passagers maximum qui ont payé leur billet de 5 à 13 000 euros le droit à l’erreur est en effet nul.

Air France est connue pour l’irrégularité de son service. Ils le savent mais n’aiment pas l’entendre. Mais c’est un fait : selon l’équipage, son humeur, voir le contenu de l’horoscope Paris-Match c’est sur Air France que j’ai eu les meilleurs équipages et le meilleur service…comme le pire. Et ce peu importe la classe de voyage.

Un défaut qui est globalement absent en Première. Je n’ai pas eu de mauvais souvenir. Un ou deux bugs de service ça ou là mais ça arrive et c’est récupéré avec le sourire. Il faut dire que c’est plus simple quand on a le temps de développer un contact avec un ou deux clients au lieu de devoir en servir 30 ou plus ! En première le service va de bon à vraiment excellent et quand il y a un soucis je ne suis pas sur, dans ce cas précis, que le personnel soit à blâmer en premier.

Si vous voyagez à deux, il est possible de dîner face à face, l’un s’installant sur l’otoman en face du siège principal. La tablette est faite pour accueillir deux convives et c’est une expérience très agréable que je vous recommande.

La vaisselle est en porcelaine de Limoges (Bernardeau) siglée Air France et les plats sont servis à la cloche. Rien à redire.

Diner - Air France La Première

Le service en première se fait « à la demande ». Peu après le décollage on vient vous demander ce que vous désirez manger et à quelle heure vous désirez prendre votre repas. Certains mangent de suite, d’autre attendent une heure ou deux histoire de digérer le repas pris au salon, d’autres attendent la fin de leur sieste.

Le service se fait à l’assiette, chaque plat étant dressé individuellement dans le galley. Pas de chariot ou de trolley en première !

Pour la salade on choisit dans une liste d’ingrédients et elle est préparée à la demande spécialement pour le passager.

Si on a été critique sur les plats en eux-mêmes, on n’a pas grand chose à reprocher au service même si quelques points ont attiré notre attention.

Il peut trainer un peu en longueur, mais c’est aussi la conséquence d’un menu très « solide ». Et ce d’autant plus sur un vol de nuit quand on sort de la table de Monsieur Ducasse au salon.

Un autre facteur explique cela : suivant le nombre de passagers (1 à 4) il y a 1 ou 2 membres du personnel en cabine la Première. Mais vu que tout le monde ne mange pas à la même heure, j’ai déjà vu une hôtesse devoir, au même moment, dresser le plat d’un passager, préparer la salade d’un autre et préparer le lit d’un 3e ! Impossible en maintenant le niveau de service attendu. Et impossible de blâmer l’équipage pour ça.

Autre bug observé (quand je dis que le personnel n’est pas la cause de tous les maux…) quand j’ai voulu tester le cocktail créé par le chef barman d’un grand palace parisien exprès pour la Première. Résultat plutôt mitigé et réalisation perfectible. Mais le cocktail c’est un métier, il ne suffit pas de mettre une liste d’ingrédients, une recette et un doseur pour transformer Monique la PNC en une barmaid de palace aguerrie ! On sentait notre hôtesse un peu gênée mais un coup d’œil dans le galley nous a fait comprendre que cela manquait juste d’entrainement et il nous semble qu’on avait un peu balancé le personnel dans la nature en mode « lis la notice et débrouille toi ».

Mais à ces détails près on ne peut pas reprocher grand chose au service en Première sur Air France, d’autant plus que l’attitude du personnel y est souvent exemplaire.

La relation client en classe La Première

On parlait de l’irrégularité dans le service chez Air France, elle s’applique bien sur également à la relation client proprement dite à l’attitude du personnel.

Comme en matière de service proprement dit rien à redire ici. Forcément quand on trie et forme spécifiquement ceux qui ont le droit d’officier en Première... (chez Air France on peut passer de l’éco à la business facilement mais officier en Première reste réservée à une « élite » de stewards et hôtesses formés et identifiés.

Ensuite le contexte s’y prête. Avec une personne pour deux passagers on a le temps de discuter, faire connaissance, papoter de choses et d’autres et c’est sûr que cela contribue à une relation personnalisée et attentionnée.

Je trouve d’ailleurs que, plus en Première qu’en Business, le personnel sait plus facilement identifier le client qui a envie de contact que celui qui a envie qu’on le laisse tranquille.

A moins que ça ne soit le contexte particulier de la Première et le sentiment de reconnaissance que cela implique qui fait que le passager La Première est plus enclin à se détendre, savourer le moment et discuter.

Il peut arriver, toutefois, que cette relation, cette proximité qui s’installe entre le personnel et le client soit utilisée pour évacuer une erreur de service en mode « on est entre nous c’est pas grave ». Heu…a plus de 5000 euros le billet pour qui n’arrive pas à trouver de « bons plans » (ça existe, même en Première…) si, c’est grave. Je sais qu’un équipage top peut aider à tout faire passer et relativiser mais en Première c’est comme dans un restaurant 3* ou un hôtel 5* : le droit à l’erreur n’existe pas et quand l’erreur arrive on l’assume sans botter en touche.

Précisons que si on est passager fréquent, le personnel a suffisamment d’informations sur nous sur son iPad pour utilement lancer les bonnes conversations sur les bons sujets.

Personnellement je ne garde que de bons souvenirs de mes discussions avec le personnel en Première. Entre passionnés d’aérien et personnes qui y travaillent on a toujours pleins de choses à se dire.

La nuit en classe La Première

La nuit est un moment clé d’un vol en classe La Première.

Lorsque le passager le désire, c’est à dire en général après avoir dîné, on passe sa suite en configuration « nuit ».

Pendant qu’il passe se changer aux toilettes, le personnel met son siège en position lit et y ajoute un matelas, une couette et un oreiller. Une prestation de qualité hôtelière puisqu’il s’agit de la literie « Sofitel MyBed » utilisée dans les hôtels éponymes.

Cabine Air France La Première

Il sera alors temps de « tirer le rideau », au propre comme au figuré et de passer une excellente nuit. Pour ma part, alors que je dors très peu en général au sol il m’arrive de faire de belles nuit de 7 à 8h dans de telles conditions.

Cabine Air France La Première

Pendant la nuit le personnel veille au grain. Un membre du personne « La Première » reste dans le galley en permanence à guetter la une éventuelle demande d’un client. Je pense qu’il doit bien s’ennuyer en attendant que quelqu’un presse le bouton d’appel alors qu’on dort comme des bébés. Par contre, pour l’avoir testé, une pression sur le bouton pour demander, par exemple, une bouteille d’eau fraîche en pleine nuit et vous êtes sûr de voir quelqu’un arriver dans les 10 secondes.

Si quelqu’un utilise les toilettes, la personne passera également « derrière », s’assurer que tout est impeccable et propre pour accueillir un futur « utilisateur ».

Une nuit en cabine La Première est en fait quelque chose de paradoxal : il ne se passe absolument rien, mais ça se passe tellement bien qu’on s’en rappelle tous !

Un vrai cocon en plein ciel.

L’atmosphère en classe la Première

Avant d’aller plus loin et de terminer par le petit-déjeuner et l’arrivée il faut évoquer l’atmosphère spéciale d’un vol en cabine La Première.

Quatre passagers maximum pour 2 membres d’équipage maximum plus le chef de cabine principal qui vient de temps en temps faire un tour, c’est assez intimiste.

La cabine, les matériaux, les tons, tout est fait pour inspirer le calme et la décontraction.

Entre les rideaux qui se ferment et une paroi que l’on remonte après le décollage au niveau de l’accoudoir et qui arrive à mi hauteur, respect total de la bulle privée des uns et des autres. D’ailleurs chacun vit sa vie dans son coin dans une atmosphère souvent détendue en papotant à l’occasion avec le personnel de bord.

Il est évident que contrairement à ce qu’on peut vivre dans d’autres classes de voyage c’est un contexte qui au lieu de générer de la tension incite plutôt à l’apaisement.

Luxe, calme et volupté ?

A l’occasion c’est toujours amusant de croiser sur le chemin des toilettes un dirigeant connu du CAC40 et d’échanger quelques amabilités en pyjama en attendant que la place se libère.

L’attention du personnel participe également pour beaucoup à la bonne ambiance de la cabine.

Petit déjeuner et arrivée

Sauf demande expresse du client on peut dormir vraiment longtemps et petit-déjeuner à la dernière minute.

Si vous avez la chance comme ça m’est arrivé de voyager dans une cabine vide ou à moitié vide, le personne se fera un plaisir de vous servir le petit déjeuner sur une autre place que la votre afin de pouvoir garder votre siège en configuration nuit le plus longtemps possible.

Nuit - Air France La Première
Ce jour là on m’avait dressé la table du petit déjeuner sur le siège voisin pour que je puisse rester au lit le plus longtemps possible.

J’ai un double problème avec le petit-déjeuner sur le Paris-Singapour, je dois l’admettre.

Le premier est davantage lié à la compagnie. Air France ne sait pas proposer d’œufs convenablement cuits et ça c’est récurrent. Trop secs, trop cuits….c’est le problème des plats réchauffés. Quand on voit que sur Garuda un chef envoie les œufs sur le plat ou brouillés à la minute ça donne envie de pleurer.

Et quand on évite les œufs…ça reste sec, sec, désespérément sec.

Petit Déjeuner - Nuit - Air France La Première

Le second est le format du petit déjeuner. Pour un vol qui arrive à 16h personnellement je n’ai pas envie d’un petit déjeuner de type « matinal » mais plutôt d’une collation salée qui correspond mieux à l’heure d’arrivée. Là encore la comparaison avec la First Garuda fait assez mal (pour ne citer qu’une compagnie Skyteam qui dessert la même région…).

Donc pour moi le petit déjeuner se résume le plus souvent à une tasse de thé ou de café. Avantage : je peux vraiment rester longtemps au lit.

Un passage aux toilettes pour me changer. Il y à tout ce qu’il faut pour me brosser les dents, me raser, me réhydrater etc.

On est prêts à se poser.

A la sortie de l’appareil on est pris en charge par des agents qui nous amènent en buggy électrique à travers les couloirs vers les contrôles d’immigration si on est pas en correspondance. Sinon on nous emmène dans un salon situé « landside » qui dispose donc de son propre contrôle d’immigration…ce qui permet de gagner deux beaux tampons sur son passeport en 1 ou 2 heures. Et le même buggy vous accompagnera à votre prochain vol.

Quand Singapour est ma destination finale l’expérience s’arrête là. L’agent vous « abandonne » dans la file des contrôles de police et c’est fini. On pourrait apprécier d’avoir au moins un fast track.

Conclusion : La Première Air France, une très belle expérience

Avec sa classe « La Première » l’ambition d’Air France est d’incarner tous les marqueurs de la « marque » France : luxe, gastronomie, haute couture, art de vivre…. et en toute honnêteté on peut dire que par rapport à l’ancienne cabine La Première on joue vraiment dans la division supérieure. L’expérience vécue est donc largement en rapport avec l’expérience promise et il me semble que les clients ne s’y trompent pas.

Alors bien sûr il y a des points qu’on aimerait voir s’améliorer. Encore deux trois réglages sur les équipages, et notamment l’offre de restauration qui au delà des noms ronflants reste décevante tant en quantité qu’en qualité. Non qu’elle ne soit pas bonne, mais elle n’est pas au niveau promis ni attendu.

Quant aux problèmes de cuisson récurrents ils ne sont malheureusement pas spécifiques à Première.

Vous me direz que je chipote sur des détails. Pas vraiment en fait. Toutes les compagnies qui ont une première classe n’ont pas la même ambition. Pour certaines c’est une « super business » qui flatte leur égo et celui de leurs passagers « captifs », pour d’autres comme Air France on est dans la lutte vers l’excellence, là où règnent Singapore Airlines, Emirates, Qatar… Et dans ce petit jeu où Air France est la seule compagnie européenne qui a les épaules assez larges pour jouer, tous les détails comptent. Il reste du chemin à Air France, mais ses concurrentes ne sont en général pas parfaites sur toute la ligne non plus. C’est là que se situe la différence entre avoir « une très bonne first » et faire partie du Top 3, dans des détails comme la cuisson des œufs, le beurre servi dans une barquette aluminium et non une coupelle en porcelaine, des salières un peu « cheap », l’attitude désinvolte d’un membre de l’équipage, une cuisson ratée, le manque d’offres « à la demande »….

Aujourd’hui le produit Air France La Première, lorsqu’il est bien exécuté, est de haut niveau. Mais il y a du monde devant avec des prix similaires (et parfois inférieurs) et du monde derrière mais avec des prix largement inférieurs. Et quand on voit la vitesse avec laquelle les business class montent en gamme et ringardisent certaines premières il faut admettre que pour rester dans la course il faudrait d’ores et déjà penser à la future génération de First et de Business… Et travailler très très dur sur le « soft product ».

Une expérience qui mérite d’être vécue une fois dans sa vie sous peine de passer à côté de quelque chose tout en ayant conscience que tout n’est pas parfait et que de vrais axes de progrès existent.

Au final on regrettera tout de même qu’avec du recul ce qui rend l’expérience si exceptionnelle en classe La Première d’Air France c’est ce surtout qui se passe au sol, moins ce qui se passe en vol.

Air France La Première, Paris-Singapour, B777

Enregistrement
Embarquement
Cabine : siège
Cabine : propreté
Divertissement en vol
Nourriture : goût
Nourriture : recherche
Nourriture : présentation
Nourriture : choix
Personnel :Service
Personnel : disponibilité, amabilité
Débarquement
Lounges / service et expérience au sol
Ponctualité
Rapport Expérience/prix

Presque parfait

L'expérience en classe La Première sur Air France frise la perfection, mais ne fait que la friser. Derrière une belle vitrine la restauration est parfois vraiment décevante et une foule de petits détails restent à régler. Des points de détail, certes le plus souvent, mais pas à ce niveau de prix.

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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