Flying Blue : les perdants, les gagnants !

Le 6 novembre dernier, Flying Blue annonçait une réforme profonde de son programme de fidélité. Vous avez pu retrouver sur notre site les détails de cette réforme et le nouveau fonctionnement du programme.

Bien que les nouvelles règles lient directement le gain de miles au montant dépensé pour chacun des billets d’avion, nous continuons de penser que cette réforme est juste.

Non seulement elle est juste, mais elle est économiquement viable pour le groupe Air France KLM, qui reste une entreprise commerciale et pas une association caritative.

Comme toute modification, elle fait des gagnants, des perdants, et des membres pour qui finalement cela ne change pas grand-chose. Bilan des courses.

Je suis Ultimate, catégorie 4 Vols par an en prix mini sur moyen-courrier

Beaucoup de personnes se plaignent des nouvelles règles du programme de fidélité sur les forums, sur les groupes avgeek. Certains d’entre eux, voyageant assez peu, pensent y perdre au change…

Ce qui est vrai, et je pense que vous ne serez pas étonné, c’est qu’un programme de fidélité aérien récompense les voyageurs qui volent beaucoup. Comme un programme de fidélité dans un supermarché récompense ceux qui achètent beaucoup, un programme de fidélité hôtelier récompense ceux qui dorment beaucoup dans la chaîne en question, etc.

Il faut sortir de la logique consistant à dire « Quand je choisis de voler, je prends Air France, donc j’ai droit à des bénéfices ». Je vous renvoie à l’excellent article de Bertand en la matière : Il n’existerait, de toute manière, aucun moyen pour une compagnie aérienne de vérifier qu’un passager ne vole pas sur d’autres compagnies, et donc il lui fidèle stricto sensu.

Et puis, il y a les mécontents qui déjà n’étaient pas très réglos sur la manière de gagner leur statut en modifiant leur adresse postale pour ne pas être soumis aux règles relatives aux résidents français par exemple. Ces régles, de toute manière, disparaissent dans le nouveau programme Flying Blue, enfin !

Flying Blue Jeune s’arrête ? Donner 1000 miles pour un segment domestique payé 39 € n’a aucune logique économique, et ne fidélise pas vraiment les jeunes, dont le critère prix est de loin le plus important.

Gain de miles : Quasiment tous perdants !

Le nouveau système mis en place par Flying Blue pour le gain de miles a le mérite d’être simple : un nombre de miles constant, directement multiple du montant payé pour les billets d’avion.

Ce nombre de miles par euro dépensé varie en fonction du statut du client qu’il soit Ivory, Silver, Gold ou Platinum.

Nos amis de Flight-Report l’ont prouvé dans les différents articles qu’ils ont consacré à ce programme de fidélité : quasiment tout le monde est perdant sur le gain de miles.

Un système qui défavorise nos lecteurs

Pour ce qui est de nos lecteurs sur TravelGuys, c’est-à-dire ceux qui cherchent à voyager au meilleur niveau de confort et au meilleur prix, l’addition est très salée :  Les passagers qui trouveront des tarifs très avantageux en classe Premium, Business ou First seront fortement pénalisés. C’est souvent notre cas.

Barème de gains simplisme sur les vols markétés par AF, KL et A5

En revanche, les personnes qui réserveront leurs billets à la dernière minute, ou les passagers utilisant des tarifs Corporate souvent très élevés, eux, gagneront un nombre de mails qui sera soit proche, soit égal, soit supérieur à celui gagné aujourd’hui avec le barème actuel, qui est en réalité un pourcentage de la distance parcourue en fonction de la classe de réservation.

Barème de miles sur vols markétés par Air France, applicable avant le 1er avril 2018

Ce qui pénalise le gain, en réalité, c’est que la base de calcul est le tarif hors-taxes.

Or, sur les distances courtes, le montant des taxes constitue parfois près de 50 % du prix du billet. La base est donc souvent très faible et même avec un coefficient multiplicateur important lorsque l’on est Platinum, le gain de miles sera parfois très bas.

Le gain de miles est catastrophique en économie, désastreux en Business

Premier exemple sur un Paris-Catane, vendu 103,84€ aller-retour :

Sur ce montant, seuls 55 € constitue la base tarifaire :

Ainsi, le billet me rapportera 220 miles si je suis Ivory, 440 miles si je suis Platinum à partir du 1er avril.

Avant le premier avril, cela dépend de la classe tarifaire :

Et le simulateur Flying Blue m’indique que je gagnerai 203 miles aller, donc 406 miles aller-retour si je suis Ivory.

Presque le double du nouveau barême. Dur.

Second exemple, en Business cette fois-ci, un Bruxelles-Dubaï vendu un peu plus de 1500 € aller-retour :

Le montant hors-taxes est légèrement au-dessus de 1000 € à 1086 € :

Demain, en tant que client Platinum, ce billet me rapportera 8688 miles.

Auparavant, ces billets culminaient à 19 894 miles, comme en témoigne mon relevé de miles sur ce trajet au mois de juillet dernier :

La perte est donc très importante pour les billets en Business, en First ou en Premium fortement discountés, vu que les classes de réservation étaient très rémunératrices auparavant.

Statut : Les malins tirent leur épingle du jeu

Pour ce qui est des statuts, le nouveau programme de fidélité récompense vraiment les grands voyageurs.

Ceux qui dépensent beaucoup et voyagent finalement assez peu ne seront plus récompensés. Actuellement, si l’on voyage, même en classe économique, sur des tarifs assez élevés, il est possible d’acquérir un statut en très peu de voyages, notamment sur long-courrier. Désormais, le tarif payé ne compte plus dans l’acquisition du statut.

Mais qui donc bénéficie de cela ? Et bien ceux qui achètent leurs billets en promotion, quelque soit la classe de réservation.

Et, au vu des barèmes très favorables aux classes avant comme la Business et la First, ceux qui auront utilisé des tarifs avantageux via notamment des escales étrangères et qui donc auront des vols supplémentaires par rapport à ceux qui partent de France, auront une acquisition du statut facilité.

Barème d’accumulation des XP sur Flying Blue, valable pour tous les vols SkyTeam ou markétés par AF/KL/A5.

Pour ce qui est des vols domestiques, plus de contraintes pour les résidents français : tous les vols seront qualifiants et apporterons des points d’expérience. Néanmoins, si l’on ne fait que des vols domestiques, le nombre de vols nécessaires pour atteindre le statut Platinum est très important (en l’occurrence 150 si l’on a pas la carte d’abonnement et 75 si on dispose de la carte d’abonnement France et Europe). Mais aujourd’hui, si l’on est résident français, il n’y a pas vraiment de moyen de se qualifier en dehors du nombre de miles cumulés.

Honnêtement, pour ceux qui voyagent en Europe et dans le monde, et en utilisant les promotions et les meilleurs tarifs, le programme est plutôt avantageux. Pour les résidents français qui ne font que du domestque (hors ceux qui trichaient sur leur adresse de résidence principale), c’est à peu près la même chose.

Conclusion : Attention à la longue route vers le statut Platinum

Air France et KLM ont réellement effectué un travail intéressant sur ce nouveau programme de fidélité. Le Revenue Based leur permet de contrôler (et de diminuer fortement) la distribution de miles, et de lier leur dette au chiffre d’affaires généré par les clients. Pour le statut, il privilégie les grands voyageurs, quel que soit le tarif payé et c’est finalement ce qui importe le plus pour nous, les TravelGuys. Le programme reste donc attractif.

Ce que nous déplorons cependant, c’est que l’acquisition du statut ne puisse pas se faire au niveau Platinum sur les douze premiers mois glissants : c’est un scandale ! Aucun programme de fidélité du marché n’empêche cela, que ce soit celui de British Airways ou celui d’Emirates, qui proposent tous deux des cycles de qualification sur 12 mois glissants.

Nous espérons que Flying Blue va revenir sur cette mesure et permettre la qualification au statut Platinum from scratch pour 300 XP comme il le permet lors des requalifications pour les membres qui sont déjà au statut Platinum. Cela n’a pas de sens de demander 580 XP (100 + 180 + 300) à un membre Ivory au départ. Cela est discriminant et empêche l’accès au statut !

Olivier Delestre-Levai
Olivier Delestre-Levai
Olivier est sur la blogosphère du transport aérien depuis 2010. D'abord contributeur majeur du forum FlyerTalk, il crée en juillet 2012 le site FlyerPlan, et rédige des articles à l'écho majeur chez les spécialistes de l'aérien. Il co-dirige désormais le blog TravelGuys avec Bertrand, en se focalisant sur l'expérience de voyage et les programmes de fidélité. Et bien sûr, tous vos articles préférés de FlyerPlan sont désormais sur TravelGuys !
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