Les programmes de fidélité aériens pour les nuls

Cela fait longtemps que j’avais prévu d’écrire un billet sur les programmes de fidélité aériens. Ca doit être parce que les vacances approchent : les amis se réveillent et ont pleins de questions sur les miles et les statuts. C’était donc en chantier depuis quelques temps car être précis et exhaustif sur le sujet demande quand même pas mal de temps et de boulot. Et puis ce week end j’ai vu passer un truc intéressant sur Slate : une sorte « best of » des questions fréquemment posées et, comme l’auteur à l’air au moins aussi perdu que le passager lambda, je me suis dit qu’il était temps d’exhumer les vieux brouillons et apporter ma contribution au sujet.

Pas facile de dire si un programme de fidélité est « bon » ou pas. Je laisse ça à l’expérience de chacun. Par contre je pense important de comprendre comment cela fonctionne « backstage », ce qui est en jeu, afin de les évaluer et mieux les utiliser.

Objectif d’un programme de fidélité : revenu, reconnaissance et gratuité

Déjà quel est l’objectif d’un programme de fidélité ? On parle ici d’aérien mais le principe est le même peu importe le secteur.

Pour la compagnie aérienne émettrice  c’est assez simple : comme toute entreprise elle n’a que deux objectifs vitaux, augmenter ses revenus, contrôler ses coûts. Côté revenu un programme de fidélité aide donc à faire dépenser plus et/ou plus souvent. Coté coût cela fait baisser les coûts d’acquisition client vu qu’il coûte moins cher de vendre à un client connu et fidélisé. B-A Ba du marketing.

Pour le client il y a divers avantages. Certains recherchent des miles à dépenser pour avoir des voyages gratuits, d’autres davantage de services (files prioritaires, franchise bagage, accès aux salons), d’autres un « statut » (mais le statut va avec les services et les services avec le statut). Et d’autres recherchent tout cela à la fois.

Bref il faut avoir une chose en tête : aussi bien le passager que la compagnie sont « intéressés », on est dans une relation commerciale et pas dans une œuvre de charité. Cela peut sembler évident mais ça va mieux en le disant : le passager qui veut « jouer » au « frequent flyer » doit être clair avec règles du jeu et ne pas venir pleurnicher toutes les 5 minutes.

Un programme de fidélité récompense l’intensité de la relation, pas la fidélité

C’est peut être le point le plus critiquable dans les programmes de fidélité : leur nom. Car au fil des années ils ont évolué et ne récompensent pas nécessairement la fidélité. Mais là encore, s’en offusquer relève de la plus grande des mauvaises foi. Voilà pourquoi.

Prenez l’exemple d’une relation amoureuse. La fidélité c’est « je ne le fais qu’avec toi », peu importe la fréquence et l’intensité. Ca peut être frustrant mais on est dans un contrat moral. Ici on est dans le commercial donc davantage dans une relation de type « le plus intense possible, le plus souvent possible mais tu peux aller voir ailleurs ».

Un client fidèle est un client  qui ne voyage que sur une seule compagnie. Si c’est une business class par semaine c’est bon pour la compagnie, si c’est une éco à prix mini tous les deux ans ça pose problème car la préoccupation de la compagnie c’est sa recette unitaire (revenu au siège par kilomètre).

Imaginez vous dans votre propre travail : le client qui dépense peu, très rarement, sur des produits à faible marge mais ne vie,t que chez vous a-t-il autant votre attention que celui qui passe de temps de temps, dépense beaucoup et va également chez vos concurrents. Non et c’est logique. Et bien dans l’aérien (et l’hôtellerie également) c’est pareil.

De fait on récompense plus l’intensité de la relation (marge) et sa fréquence que la fidélité stricto sensu. Inconcevable dans un monde de bisounours mais logique dans une relation commerciale, c’est pareil dans tous les métiers, dans tous les secteurs, en B2C comme en B2B.

Un programme de fidélité doit respecter l’équité entre passagers

Vous remarquerez également que dans un même avion tout le monde ne gagnera pas autant de miles. Et que les miles gagnés ne correspondent pas toujours à la distance parcourue. En voici l’explication.

En fait les miles correspondent à la distance parcourue mais après pondération. Cette pondération est, chez Air France, basée sur la classe de réservation. Au sein d’une même classe de voyage (Première, Business, Eco..) il y a plusieurs classes de réservation qui correspondent à différents niveaux de prix, principalement en fonction de deux facteurs :

– la date de réservation : plus on réserve tôt plus on risque de tomber sur un quota de billet vendu à tarif plancher,  l’accès aux « bons tarifs » dépendant ensuite du taux de remplissage.

– la flexibilité du billet : il n’y a rien de pire à gérer que les annulations/modifications de dernières minutes. In fine cela peut amener à opérer des vols soudains devenus vides pendant que d’autres sont sur-réservés voire de rembourser un nombre conséquent de billets annulés en dernière minute. La flexibilité a un prix fort pour les compagnies qui les répercutent sur le prix du billet. Vous voulez un Paris-New York ni remboursable ni modifiable en éco vous allez trouver quelque chose à 600 euros, si vous le voulez pleinement flexible et remboursable vous dépasserez allégrement les 2000, quitte à vous rapprocher du prix plancher d’une business modifiable avec quelques frais.

Jusque là c’est logique. Mais quel est l’impact sur le passager ? Vous imaginez bien que dans une même classe de voyage le passager qui a payé 2000 désire se voir davantage reconnu que celui qui a payé 800. Et qu’un passager business pense la même chose vis à vis d’un passager éco. Moralité, les miles gagnés sont pondérés en fonction du tarif effectivement acquitté. De 25% à 300% de la distance parcourue. Et ça ça ne vient pas des compagnies mais des passagers qui ont bien saisi la différence entre égalité et équité et désirent être traités en fonction de leur contribution au revenu.

Mettez tous le monde au même niveau et vous perdez…vos passagers à la plus forte contribution. Logique. Là encore il suffit de se demander ce qu’on ferait à leur place.

D’ailleurs contrairement à ce que dit l’article mentionné plus haut, le barème d’accumulation est connu et on ne peut plus clair. Les classes à 0% correspondent à celles où la marge est trop faible, voire inexistante (prix cassés, tarifs négociés groupe etc).

Une logique qui est désormais la norme. Par exemple chez Lufthansa (ici le barème long courrier) et son réputé programme Miles & More.luft-miles

 

Donc oui, mieux vaut un vol plus court dans une classe élevée qu’un vol long dans une classe à 25% de miles. Et c’est partout pareil.

En conclusion un programme de fidélité n’est pas un programme de redistribution. Au contraire, il favorise les meilleurs clients, ceux à la contribution la plus élevée. C’est son nom et son objectif, pas besoin de venir pleurer.

Miles Status et miles prime

C’est le coté un peu usine à gaz des programmes qu’il importe de bien comprendre. Les miles gagnés sont de deux types :

• Statut : vous permettent en fonction du cumul sur un an de changer de statut au sein du programme de fidélité

• Primes  : ne servent qu’à acheter des billets.

Le mile statut correspond à ce que vous avez voyagé, en fonction de votre classe de voyage. Le mile prime correspond à un certain nombre de miles bonus, notamment en fonction de votre statut. Là encore j’ai du mal de comprendre qu’on puisse s’en offusquer : il s’agit d’un bénéfice du programme de fidélité, un bénéfice qui augmente plus on est un « bon client ».

Cas pratique : un billet AR en premium economy entre Paris et New York pour un passager gold : distance à peu près de 7300 miles.

Le passager va gagner (chiffres arrondis) :  Voyage en premium éco : 7280*1,25 = 9100 miles statut. Passager gold : 7300*0,75 = 5475 miles prime. Le passager va donc gagner 14560 miles qu’il peut « dépenser », dont 9100 seront pris en compte pour l’accès au statut supérieur.

Alors on peut trouver mesquin de ne pas accorder 100% de miles à minima (voire point précédent), mais les compagnies qui le font  se rattrapent sur les statuts.

On a vu une certaine évolution des programmes de fidélité ces dernières années quant  à l’attribution des fameux statuts élite. Prenons celui de Delta.

Medallion Qualifying Dollard

Que remarquez vous ? Qu’en plus de devoir effectuer un certain nombre de miles, le passager doit aussi avoir dépensé un certain montant. En fait vous avez deux approches : soit on modère par le revenu dès l’attribution des miles, soit on crédite 100% et on ajoute une contrainte au moment de l’attribution du statut, ce qui in fine revient exactement au même.

Air France, par exemples, a fait le choix de l’équité en fonction de la classe de réservation, Delta est plus généreux à ce niveau mais sanctionne les « chasseurs de promotions » au moment de l’attribution du statut et des bénéfices qui y sont liés. Au final le résultat est le même.

 

Le client fidèle : une notion subjective

A ce stade on peut se dire d’accéder au graal, c’est à dire avoir de quoi s’offrir un billet ou accéder aux statuts les plus élevés est compliqué. Là encore il faut se sortir de l’idée qu’on ne parle pas de programmes de charité.

Qu’est ce que cela veut dire d’être un « bon » client ou un client régulier (ce qui n’est pas tout à fait la même chose). Je dirais, du point de vue du passager, d’avoir du mal à en faire plus. Quand on donne tout on attend quelque chose en retour.

Mais on est tous le « frequent flyer » et le « petit joueur » de quelqu’un. Quand on fait 4 longs courriers par an on estime mériter plus que celui qui en fait la moitié. Et celui qui en fait 2 par mois rigole en coin.

Bref la notion de frequent flyer se détermine plutôt par rapport au haut du panier. Le meilleur statut doit concerner (je n’ai pas les chiffres) 10% des passagers. Le statut suivant 20 ou 25 ?  Et ainsi de suite. Et les règles sont faites pour parvenir à cette répartition car quand tout le monde est gold, plus personne n’est gold.

A chaque fois que j’ai franchi un pallier en termes de nombre de voyages et/ou de classe de voyage j’ai souvent, plus jeune, eu la frustration de ne pas voir s’ouvrir les routes du Paradis. En toute honnêteté j’ai compris pourquoi : il suffisait que j’arrête de me regarder le nombril et que je regarde autour de moi : il y avait du monde devant qui méritait plus que moi. Beaucoup de monde.

Seuls les diamants sont éternels, pas les miles

Il y a quelques années j’ai du vivre quasiment 3 ou 4 nuits à l’hôtel par semaine, ce qui m’a notamment valu de faire un bond de géant à la fois dans mon programme de fidélité aérien et dans celui d’une chaîne d’hôtels.

Coté aérien je me suis maintenu et j’ai même progressé. Coté hôtel par contre je me suis un jour rendu compte que mon solde de points avait été remis à zéro. Bien sur j’ai grincé des dents mais il fallait se rendre à la réalité : je n’allais plus chez eux depuis cette époque. Non seulement j’allais moins à l’hôtel mais en plus je préférais leurs concurrents. Donc le coté « fidèle » ou « contribution au revenu »… Quand on rompt une relation d’affaires il ne faut pas s’étonner qu’on soit peu à peu délaissé.

D’accord cela explique la « dégradation » en termes de statut, pas la remise à zéro du solde. Là encore c’est logique et chacun raisonne ainsi quand il est de l’autre coté de la barrière.

Les points ou miles non utilisés sont une créance du client envers la compagnie. Elle l’inscrit donc à son bilan et ça finit par peser. Va encore pour ceux qui continuent à voler, qui les utiliseront un jour, qui sont « actifs ». Mais combien de personnes ont un jour adhéré à un programme, fait deux vols, puis ne sont jamais revenus ? Ces miles dormants ne seront jamais utilisés, le passager s’en moque éperdument voire les a oubliés. Par contre ils sont comptabilisés.

Souvenez vous du passage à l’euro. Il a été possible de changer ses francs pendant plusieurs années puis plus rien. Pourquoi ? Parce qu’à un moment on ne peut avoir une masse monétaire dormante, cachée, dont on ne sait ou pas si elle ressurgira un jour et faussera l’économie du programme par rapport à la masse que l’on croyait effectivement en circulation. Donc un jour on a dit « stop ». Vos francs n’ont plus de valeur et ne peuvent être plus être échangés.

C’est le même principe qui s’applique ici : contrôle de la masse monétaire et de la dette (un billet est une dette de la banque centrale par rapport à son porteur).

Dans la « vraie » vie il y a des dettes qu’on peut ne plus honorer après un certain temps sous certaines conditions. Ou des choses qu’on ne peut plus venir nous réclamer. Et bien c’est le même principe ici sauf qu’on est de l’autre coté du mur. On apprécie moins mais si était nous même en charge du pilotage du programme on trouverait ça totalement évident.

Et, sincèrement, peut on se dire « frequent flyer » quand on prend un vol tous les deux ans ?

Un frequent flyer n’est pas un frequent buyer

Il n’est pas un programme de fidélité digne de ce nom qui ne soit adossé à une carte de crédit co-brandée. Je dépense en utilisant la carte, je gagne des miles. Pendant longtemps les dépenses effectuées, par exemple, avec la carte Amex Air France permettait de gagner des miles statut.

Puis patatras. Ces miles sont devenus « prime » uniquement. Ce qui m’a laissé un sentiment  mitigé. Effectivement cela me permettait de rester facilement gold tous les ans donc la fin du dispositif m’a laissé un goût amer. D’un autre coté les bénéfices lié au statut ont un coût pour une compagnie (salons etc..) et leur qualité est dégradée quand il y a trop de personne à servir. En plus le statut perdait de son exclusivité : tout le monde était gold (ou presque), les salons étaient bondés, la file « prioritaire » était pleine de voyageurs occasionnels.

Bref il était possible de devenir « elite » sans jamais voler. Ou peu. Guère équitable par rapport aux autres passagers. Un frequent flyer n’est pas un frequent buyer et la fin du dispositif n’a été que logique même si égoïstement j’ai mis du temps à l’accepter (ce qui ne m’as pas empêché de garder mes statuts d’année en année).

De toute manière aucune autre compagnie ne proposait ça (vous pensez bien que j’ai regardé…prêt à « déménager ») donc ça voulait bien dire que c’était un non-sens. L’erreur n’a pas été d’arrêter mais sûrement de commencer.

Un meilleur équilibre a été trouvé depuis puisque les miles gagnés avec la Carte Amex AF chez AF sont redevenus statuts. Finalement on s’en sort mieux que sur d’autres programmes.

On ne peut dépenser et gagner à la fois

Ah si, il y a une chose que je reproche aux programmes de fidélité aériens : quand j’utilise mes miles pour m’offrir un billet, et bien je n’en gagne pas lorsque je fais mon voyage. Logique également mais certains programmes hôteliers, eux, le permettent. Différence de coûts ? Peut-être.

Donc, forcément, et comme le fait à juste titre remarquer le billet de Slate, si on utilise ses miles on risque d’être rétrogradé de statut. Mais contrairement à ce qu’il laisse entendre ça n’est pas automatique. Si j’ai mon « quotat » de miles statut à coté, je le garderait…par contre il est évident que si je n’ai pas assez voyagé en « payant » et bien je risque d’être rétrogradé. La solution ? N’utiliser ses miles que quand on est sur de conserver son statut. Et si votre statut vous importe peu alors faites comme vous l’entendez.

Et contrairement à ce qui est écrit, également, il ne faut pas 2 à 3 ans pour récupérer son statut. Ils sont calculés sur un an donc vous risquez de redémarrer l’année avec statut inférieur mais allez remonter au fur et à mesure de vos voyages.

A l’inverse un autre point intéressant n’est pas mentionné : le report de miles. Si vous gagnez sur un an assez de miles pour obtenir un statut mais pas le suivant, la différence est conservée et vous démarrez avec un crédit l’année suivante. En tout cas cela fonctionne ainsi au moins sur Flying Blue. Si vous obtenez, par exemple, 85 000 miles vous échouez à 5 000 du statut platinum mais démarrez l’année suivante avec un statut Gold et 25 000 miles de report. Fort utile. Cela permet de capitaliser sur les bonnes années pour « amortir » les mauvaises.

Il n’existe pas de programme de fidélité aéroportuaire

En fait un billet gratuit n’est jamais totalement gratuit. Une compagnie collecte certaines taxes lors de l’émission d’un billet, taxes qu’elle reverse aux organismes compétents.

La TVA à l’Etat, les taxes d’aéroports aux aéroports. La première a pour assiette le prix du billet : 20% de 0 = 0. Mais les secondes sont forfaitaires en fonction, entre autres de la classe de réservation. Il ne s’agit pas d’un fragment du prix de vol mais d’une redevance que le passager paie à l’aéroport au travers de la compagnie.

Bref si je m’offre un Paris-Singapour, Aéroports de Paris et leurs homologues asiatiques n’ont rien à faire de la gratuité de mon vol car eux ont des frais à couvrir. Un passager = 1 taxe perçue car je vais utiliser leur infrastructure, leur wifi, leurs toilettes, passer les contrôles de sécurité qu’il faut bien financer etc. Pas idéal mais je comprend que les compagnies ne disent pas « non seulement ton billet est gratuit mais en plus je t’offre quelque chose à coté ». C’est aussi l’occasion de se rendre compte que sur certains trajets (et notamment à bas prix) l’essentiel du prix du billet n’est pas toujours celui du voyage.

 Conclusion : on a ce que pour quoi on paie

Il ne faut pas se tromper par rapport à un programme de fidélité, aérien ou autre. Ca n’est pas de la charité chrétienne mais du business. On est traité en fonction de ce qu’on paie et pas en fonction de son égo ou de ses rêves.

Non vous n’aurez jamais de surclassement si vous voyagez deux fois par an en éco à prix mini.

Oui passer Platinum n’est pas à la portée de tous. A vue de nez 6 ou 7 long courriers en business par an. Mais c’est supposé être un statut exclusif, le plus exclusif du programme. Entre Ivory et Platinum il y a des statuts intermédiaire qui correspondront aux habitudes et moyens des uns et des autres.

Bref un programme de fidélité n’est pas un outil de promotion sociale (donner les plus hauts bénéfices à quelqu’un qui ne pourrait jamais se payer une business ou une économie plein tarif) mais justement récompenser ceux qui le font.

Le problème n’est pas le programme (quelle que soit la compagnie) mais le niveau d’attentes du passager par rapport à ses habitudes et capacités de consommation.

Celui qui voyage peu restera Ivory mais un jour arrivera à s’offrir un billet.

Celui qui voyage beaucoup passera platinum et pourra en plus s' »offrir » quelques longs courriers chaque année.

Et entre les deux extrêmes chacun trouvera ce qui lui correspond. L’erreur étant de croire que tout le monde doit avoir droit à tout et qu’un programme sert à distribuer des cadeaux.

Le personnage de George Clooney dans « Up In the Air » existe, c’est un fait. Moins de 1% des passagers pourront un jour jouer dans la même cour et en tout cas pas en voyageant en éco 3 fois par an. Retour sur terre. Réalisme. Pragmatisme.

L’article de Slate qui m’a donné l’idée d’écrire celui-ci pose d’excellentes questions que se posent nombre de passagers. Par contre il me semble que les réponses tiennent plus du billet d’humeur que d’une explication logique et rationnelle du système qui aident à comprendre le « pourquoi » et se faire sa propre.

Faut il jeter sa carte Air France ? A quelques différences près tous les programmes fonctionnent à peu près pareil, et lorsqu’un est plus généreux sur un point, un autre le sera sur un autre point. Mais tous ont un point commun, car c’est le principe même de ces programmes : ils récompensent les clients en fonction de leur contribution. Point. Si vous voulez tout avoir sans rien donner ça n’est pas que votre carte Air France que vous pouvez jeter, c’est toutes vos cartes.

Si vous acceptez la proportionnalité entre a contribution et les bénéfices client et bien continuez. Vous aurez ce que vous méritez. Parfois rapidement, parfois plus lentement. Un programme de fidélité est un business et est géré comme tel.

Cela fait 10 ans que je suis passé Gold pour la première fois et je ne pensais pas le rester. Finalement je ne suis jamais redescendu. Je suis passé Platinum. Je suis resdescendu Gold. Puis re-Platinum. Parfois je « sauve » mon statut à la dernière minute en fin d’année, parfois dès juin. Ca suit ma vie, mes habitudes, mes déplacements pros et persos. Il y a des hauts, des bas et franchement, les années où il y a des bas et que je voyage moins pour une raison ou une autre mon statut Flying Blue est la dernière chose dont je me préoccupe. C’est une conséquence, pas un objectif. Après je pourrais avoir une approche « épicier » et vivre avec ma calculatrice à miles à la main…mais à ce moment je ne serais pas choqué que les compagnies jouent également les épiciers. En tout cas ça prouve que c’est possible de monter en statut et d’y rester…à condition d’avoir conscience que ça n’est pas un dû et que si ma vie ou mes envies changent, le statut Ivory sera peut être pour demain.

Je n’ai jamais eu à demander qu’on régularise des miles manquants (mais je sais que ça arrive) et je n’ai jamais eu de problème à calculer exactement le nombre de miles que j’allais gagner avant de faire mon vol. Je dois être spécialement chanceux.

Bref, voyagez, faites vous plaisir, c’est déjà beaucoup par rapport à ceux qui n’ont pas cette chance. Et si vous faites du programme de fidélité un objectif (aérien ou hôtelier) essayez juste d’aligner vos attentes avec vos capacités. Ca évite la frustration. Et ne nous mettez pas martel en tête, ça n’est « que » des cartes de fidélité, il y a des trucs plus importants dans la vie quand même non ?

 

 

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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